L'interview a été réalisée juste après les essais libres 1. Durant le week-end, Matthieu Vaxiviere a signé la première pole position du week-end, a fini 5e de la première course alors qu'il a rencontré des problèmes de moteur et de freins et a abandonné lors de la seconde course suite à des problèmes mécaniques. 

Comment s'est passée ta première partie du week-end ?

Plutôt bien ! Dès le début, on était prêt, on avait tout prévu. Tout s'est plutôt déroulé comme on le voulait. La piste était un peu sale ce matin, ça se dégrade beaucoup au Paul Ricard. Vu qu'on a fait du simulateur cette semaine, j'étais prêt pour les essais libres. Certains ont passé les pneus neufs dans les 10 dernières minutes et du coup ils ont amélioré. Je suis resté en pneus frais. C'est très encourageant pour la suite. On verra ce que l'on fait en essais libres 2 mais j'espère être premier tout simplement. Ça voudra dire qu'on a bien travaillé et qu'on prêt pour la qualification de demain.

C'est ta troisième saison en 3.5 et ta première avec l'équipe SMP. Pourquoi avoir choisi de quitter Lotus pour SMP ?

J'avais plusieurs choix comme d'aller en GT par exemple. Maintenant que ma carrière a commencé et que du coup c'est mon travail à plein temps, c'était vraiment un choix de rester en monoplace. Il y a de bonnes sensations, et surtout un projet d'avenir avec Amato Ferrari qui est le patron de l'équipe. C'était très intéressant pour moi de faire du développement et d'aider SMP Racing à venir en tant qu'équipe. Le projet m'a plu. En parallèle, je peux faire aussi du GT. D'ailleurs mon championnat GT3 Le Mans Cup se passe plutôt bien.
Et là en 3.5 c'est du développement, les premières courses ont été un peu plus difficiles que prévu. On est arrivé vraiment au dernier moment, même en mars, on n’était pas encore prêt. C'est compliqué pour attaquer un championnat comme ça, surtout avec un tel niveau. À deux dixièmes, on est 10e, on sait qu'en course en partant dixième on fera au mieux 9e. La première course, j'étais 10e sur la qualif, je finis 2e, grâce à l'expérience qui m'a permis de sortir des problèmes. Après, ça a été des hauts et des bas. C'était plutôt compliqué, sur les stratégies et le set-ups, on n’était pas encore au point. En Hongrie, on était premier et on se fait avoir par la voiture de sécurité. À Spa, on a prouvé que l'on était capable de faire des poles. Maintenant que l'on a gagné une course, on va essayer de continuer au mieux et de rester au top. Le chemin n'est pas fini, il reste 12 courses mais on ne regarde pas vraiment le championnat pour le moment. On reste concentré sur le développement de l'équipe et aider au mieux Matevos [Isaakyan] dans sa carrière et dans son année de 3.5, mais mon objectif est aussi de gagner un maximum de courses pour moi. Ce que je fais est super intéressant, ça me plait vraiment.

Tu prends plus de plaisir ?

Je ne sais pas. Parfois quand tu n'es pas premier et que tu sais que tu as la capacité de l'être, c'est un peu compliqué. Mais j'ai assez de recul, de mental et d'expérience pour savoir ce que je sais faire et ne pas remettre en question. Je sais de quoi je suis capable. On travaille avec l'équipe, c'est aussi pour ça que le développement de la voiture va beaucoup plus vite et que ça se passe plutôt bien pour nous. Il y a quelques ajustements encore à faire mais on est sur la bonne voie.

Tu n'as pas eu de pistes, la saison passée, pour courir en GP2 ou GP3 ?

J'ai eu une piste pour aller en GP2. Mais ça ne m'intéressait pas, j'avais l'opportunité de commencer à être professionnel alors qu'en GP2, c'était juste pour une saison. Et tu sais très bien qu'en GP2, si tu n'es pas une bonne équipe, tu ne peux pas faire quelque chose de bien.

Donc là c'est un projet sur le long terme qui s'est inscrit pour toi ?

Oui, c'est un projet sur le long terme qui s'est inscrit avec Amato. C'est vraiment un peu comme un mentor. Il veut vraiment m'aider, on s'apprécie et je n'ai pas envie de le décevoir. Je travaille le mieux que je peux pour aider son équipe et aussi pour moi, je veux gagner.

Vaxiviere CMR Road to Le Mans 2016

Image : GT3 Le Mans Cup

En parallèle du 3.5, tu fais d’autres choses dont le GT3 Le Mans Cup avec l’équipe CMR et Nicolas Misslin, tu as roulé le week-end dernier sur le grand Mans (le grand circuit). Quelles ont été tes impressions à ce moment-là ?

Au début, c'était compliqué. En essais libres, j'ai fait deux tours avec une lame cassée. Malheureusement mon coéquipier a connu un souci mécanique. Je n'ai pu faire que deux tours sur une piste séchante avec des pneus pluie. En dépassant les 260 km/h sur la ligne droite ça commençait vraiment à trembler. On perdait 20km/h en ligne droite donc c'était vraiment que pour apprendre le circuit. En essais libres 2, je n'ai pas roulé, il y avait un drapeau rouge, je ne suis même pas monté dans la voiture. Je n'ai pas fait les qualifs donc mes vrais premiers tours c'était en course. Au fil des tours, je me suis amélioré mais il fallait prendre quelques risques dès le premier tour. On a plutôt bien géré, on était 4e quand j'ai pris le volant, je suis remonté 2e mais malheureusement, on a eu une crevaison dans le dernier tour. C'était difficile à accepter, surtout que l'on aurait pu prendre la tête du championnat. Il nous reste encore 4 meetings en GT3 Le Mans Cup, on vise le titre.

Est-ce que ça te donne envie d'aller essayer les 24h du Mans avec une équipe de GT ou même en LMP2, LMP1 ?

J'avais fait le WEC en 2014, mais je n'avais pas pu faire Le Mans car je m'étais blessé à Monaco. Bien sur, on regarde Le Mans de près, c'est aussi là où on peut vraiment fonder une carrière sur du long terme parce qu'en monoplace, c'est compliqué d'atteindre le but ultime et d'y rester. Je suis encore en monoplace, j'ai encore la possibilité d'y aller pourquoi pas mais pour l'instant je fais mon travaille pas à pas et je vois où on m'emmène. Parce que sans connaissance c'est compliqué. Il y a beaucoup de pilotes qui sont très bons et mais qui malheureusement n'ont pas les budgets.

Tu as remporté le titre en Trophée Andros électrique cet hiver, est-ce que tu prends ce championnat comme un loisir ou avec sérieux ?

Au final, quand on est derrière le volant on prend tout ça au sérieux. La première année, j'ai pris ça un peu pour le fun, j'ai fait quelques podiums mais je n'ai pas gagné. Du coup c'était frustrant. Tous les ans et avec la maturité en plus, je prends ça plus au sérieux. Je gère ça comme je le fais avec la 3.5. Je fais le tour de piste, je regarde un peu tout. Ça a payé cet hiver. Alors pourquoi pas passer en thermique l'hiver prochain.

Comment vois-tu le parcours de Pierre Gasly (en GP2 et membre de la Red Bull Junior Team) et Andrea Pizzitola (24h du Mans) ? Est-ce que tu penses qu'ils ont fait les bons choix ? Comment vois-tu leur carrière ?

Je suis fier d'eux. Tous les trois, on s'entend bien depuis la F4, je pense qu'on est tous fier les uns des autres. En plus tous les trois, on ne fait pas vraiment la même chose, je fais d’autres choses en parallèle et de la monoplace, Andrea fait de l'endurance et Pierre est dans l'optique Formule 1, trois parcours différents mais on continue de rouler.

Vous échangez les uns les autres ?

Oui, on échange beaucoup par messages, vu qu'on ne se voit plus beaucoup. On parle de voiture, c'est notre passion, notre travail, mais ça dérive vite sur d'autres sujets.