Stéphane Clair, directeur général du Circuit Paul Ricard, s'exprime sur le circuit et l'héritage laissé par le fondateur de la piste, Paul Ricard lui-même.

Découvrez la première partie où Stéphane Clair dresse le bilan 2018 du Circuit Paul Ricard

Découvrez la deuxième partie où Stéphane Clair parle du Grand Prix de France F1

Est-ce que le Circuit Paul Ricard est devenu le circuit en France où il faut courir ?
Clairement oui. Aujourd’hui, il n’y a pas un organisateur de championnat ou de courses qui oublie le Paul Ricard. Notre difficulté aujourd’hui est que la saison ne fait pas 52 week-ends parce qu’il y a une période d’été et d’hiver sur lesquelles il est difficile d’organiser des courses. On se retrouve donc avec plus de championnats à recevoir que de week-ends disponibles pour ça. C’est une sorte de « must » de pouvoir venir rouler au Paul Ricard. C’était déjà un peu le cas avant la F1 pour l’aspect sécurité du circuit. Les championnats aimaient parce que les installations étaient de qualité et c’est un endroit où on casse assez peu les voitures. Dans un championnat, c’est toujours bien d’avoir ce type de rendez-vous. Avec la F1, c’est devenu un produit d’image. Un championnat qui fait rouler ses pilotes sur le tracé de la F1, c’est un championnat sérieux.

Cela vous arrive-t-il de dire « non » à un organisateur qui souhaite courir au Paul Ricard ?
Exactement…

Comment prenez-vous les décisions dans ce cas-là ?
Ce qui est très compliqué, c’est que le calendrier se fabrique sur une longue période et que les demandes arrivent de manières échelonnées. On ne peut pas regrouper toutes les demandes, trier et dire « toi oui » ou « toi non ». On est obligé de s’adapter parce que si les circuits ne s’adaptent pas, les championnats ne peuvent pas se créer. Imaginez que la question se pose dans le monde entier pour tous les circuits au même moment. Le promoteur qui a besoin d’organiser son championnat est obligé de tout orchestré et nous prenons en compte de la saisonnalité de certaines épreuves, du fait que certains soient sur un continent à une certaine période…

Le travail consiste à récompenser nos clients les plus fidèles parce qu’on travaille depuis des années avec certains promoteurs et on se verrait mal ne pas les récompenser. Ils nous ont accompagnés dans ce développement. A nous de continuer à travailler avec eux, ça me semble normal. Ensuite, sur les nouvelles épreuves, on regarde l’intérêt du public et la qualité sportive des enjeux de telles ou telles manifestations. C’est ce qui nous permet de choisir, si tenter qu’on ait à le faire, mais il est triste de devoir dire à quelqu’un « désolé, nous n’avons pas de date pour toi cette année ».

L'héritage de Paul Ricard

Quel héritage a laissé Paul Ricard sur le circuit actuel ?
Aujourd’hui, je pense que l’ensemble des équipes et l’ensemble des gens qui travaillent au quotidien, nos fournisseurs en particulier, sont tous emprunts de cette image de circuit populaire et de cette volonté d’ouverture vers les autres et de convivialité. C’est quelque chose qu’on a gardé de Paul Ricard. On y a ajouté sans doute l’excellence, c’est-à-dire la volonté d’avoir à la fois des installations de très grands standings et des prestations de travail qu’on fournit et les services qu’on rend à la fois aux organisateurs mais aussi aux équipes doivent être rigoureux et excellent. C’est le cumul des deux qui fait qu’aujourd’hui ce qu’est devenu le circuit Paul Ricard.

Est-ce que vous avez prévu de conserver le nom de Paul Ricard quand l’autorisation sera expirée ?
Aujourd’hui, la question ne se pose pas. Nous sommes sur le Circuit Paul Ricard. On est fier d’être sur le Circuit Paul Ricard. Il n’y a pas de débats. Quand se posera la question, il appartiendra d’abord à la famille de Paul Ricard de savoir s’ils ont envie de continuer ce bout d’histoire qu’on est en train d’écrire, qu’ils ont écrit du temps de Paul et qu’on écrit aujourd’hui un peu en leur nom. Il faudra savoir si ce qu’on fait va dans le sens de ce que les héritiers de Paul Ricard ont envie de faire. C’est évidemment quelque chose à laquelle nous sommes attachés.

Les anciens pilotes ont connu les débuts du Paul Ricard. Que disent-ils sur le circuit d’aujourd’hui, qui a été modifié au fil des années suite au rachat de Bernie Ecclestone ? L’héritage au niveau de la sécurité a-t-il été respecté ?
L’héritage est respecté. On y a ajouté certainement un côté visuel et un côté high tech qui n’existaient pas. Mais on n’a pas changé, et c’est quelque chose on va dire patrimonial, les grands virages mythiques, on n’a pas changé l’esprit de course sur le Paul Ricard. Ça veut dire la ligne droite de Mistral, la courbe de Signes, le double droite du Beausset, ce sont des incontournables. C’est quelque chose sur lesquels on n’a pas osé faire de modifications.

Quand on voit le circuit aujourd’hui, qui a été reconstruit à l’époque du rachat, on se réoriente vers ce que Paul Ricard avait imaginé. Un circuit de course n’est pas un circuit d’essais. On a vu réapparaître des tribunes, mais ça, c’est logique pour la F1. On a vu réapparaître une tour de classement, qui existait, qui a disparu et qu’on a reconstruit. Au fur et à mesure, on a vu réapparaître des ponts, des cheminements qui existaient à l’époque du Paul Ricard, très ouvert, très grand public et qui n’existaient plus dans une version plus confidentielles.

Aujourd’hui, on va dire qu’on travaille sur un bel héritage, celui de Paul Ricard, avec la qualité supplémentaires qu’on a pu amener à nos installations et c’est ce concept un peu étrange qui sert de modèle aux nouveaux circuits. Quand je reçois les patrons de circuit, comme celui d’Austin que j’ai accueilli récemment, très clairement, ils disent s’être inspirés visuellement et techniquement de ce qui a été fait ici. Aujourd’hui, quand on construit un circuit, c’est normal qu’il soit à minima comme est le Paul Ricard. On aime bien servir d’exemple mais faut aussi qu’on reprenne de l’avance. C’est ce qu’on est en train de faire grâce à la F1.