Opposée à ce championnat depuis le début, Sophia Floersch n'hésite pas à en remettre une couche sur ce concept de championnat 100% féminin.

La W Series ne fait pas que des heureuses. Sophia Floersch, qui a couru en FIA F3 puis en Formula Regional European, avant de rejoindre l'Endurance, n'est pas fan de ce concept séparant les hommes et les femmes sur un circuit.

"Fondamentalement, il est très bienvenu que quelqu'un ait remarqué 'Hé, il y a trop peu de femmes dans le sport automobile. Je veux changer ça !' Super. Il y a donc un investisseur avec de bonnes intentions derrière la W Series'', explique-t-elle dans le Figaro.

Cependant, elle pointe du doigt le fait que c'est devenu un argument commercial, un projet qui est censé faire vendre.

"Le sexe ne doit pas être un argument de vente. Dans d'autres secteurs d'activité, de telles choses sont interdites. Le sport automobile fait le contraire et crée un monde féminin rose distinct. Qui se déroule maintenant à côté du monde bleu réussi. Les filles roulent sur de mauvaises voitures sans leur propre équipe, sans référence'', ajoute Sophia Floersch.

Les femmes sous les projecteurs mais...

Pour la pilote allemande, la W Series met en lumière les pilotes féminines, pouvant leur permettre de trouver un partenaire financier.

"Elle attire l'attention sur les femmes dans le sport automobile. C'est l'objectif d'une analyse de rentabilité. À cette fin, des partenariats avec les médias sont conclus. Le genre comme argument gagnant-gagnant. Par l'attention, on espère des sponsors. La question est de savoir si vous pouvez trouver des sponsors de série ou des sponsors individuels pour les femmes pilotes. Il est souhaitable qu'une femme-pilote trouve un sponsor'', souligne-t-elle.

Cependant, elle met également en lumière un problème plus profond, qui concerne la performance des filles sur les circuits.

"Mais le sponsor remarquera, lors de la première journée d'essai d'une FIA F3 régulière, qu'il manque beaucoup de temps sur la grille des garçons. C'est un autre problème central : la différence sportive qui existe aujourd'hui est consolidée dans la perception des fans et des sponsors. Au final, les gens sont confortés dans l'affirmation «les femmes sont trop lentes». La W Series est l'expression de cette déclaration'', ajoute-t-elle.

Si la démarche et la volonté de mettre en avant les femmes dans le sport automobile est louable, l'idée reste archaïque.

"Si les jeunes filles sont sensibilisées au sport automobile grâce à la W Series, c'est une bonne chose, bien sûr. Mais, à mon avis, ce seul argument ne justifie pas la séparation des femmes et des hommes dans les séries de courses."

"Il est également important pour moi de souligner que je reconnais et apprécie la bonne intention et l'idée de promotion des organisateurs et promoteurs. Cependant, à mon avis, c'est la mauvaise voie. En 2021, l'idée fondamentale de mondes séparés pour les hommes et les femmes est dépassée et fausse'', s'exclame Sophia Floersch.

© France Racing - Fabrice Huet

Réponse de la W Series

Catherine Bond, à la tête de la W Series, a répondu à l'interview donnée par Sophia Floersch dans les colonnes du Figaro.

"D’abord, j’étais d’accord avec le fait que les hommes et les femmes devaient courir à égalité les uns contre les autres. Qu’il n’y avait pas besoin de W Series. Mais sur les huit dernières années, le nombre de femmes qui couraient en monoplace à travers le monde diminuait."

"Alors que, dans le football, le rugby, le cricket..., les chiffres ont augmenté pour la participation des femmes. Dans le sport automobile au plus haut niveau, ces chiffres ont baissé. Si vous avez un problème, vous devez tout changer. La W Series a changé la donne dans le sport automobile, et nous avons vraiment donné aux femmes l’occasion de briller'', déclare-t-elle.