Cette semaine, le WEC pose ses valises à Spa-Francorchamps, dans les Ardennes belges, pour la 3e manche de la saison. Cette dernière course avant les 24 Heures du Mans sera l'ultime révélateur des performances de chacun. Et une chose est sûre : Ferrari n'aura pas la vie facile face à une concurrence plus affamée que jamais.

Le WEC ne déroge pas aux rituels : les 6 Heures de Spa seront l'ultime répétition avant les 24 Heures du Mans, dans un peu plus d'un mois. Le très rapide circuit belge, niché dans le massif des Hautes Fagnes, tranche radicalement avec le tracé d'Imola, au contraire relativement lent et technique.

Après la victoire de la Ferrari N°51 en Emilie-Romagne, les forces que sont BMW, Toyota et même Alpine tenteront de faire tomber le Cheval cabré, au soir du samedi 10 mai. La pluie ne devrait en principe rien venir perturber.

A Spa, un coup de pouce pour Aston Martin

DPPI/FIA WEC

La BoP dévoilée mardi par la FIA et l'ACO a révélé que Ferrari allait forcément payer le prix de sa supériorité à Imola, où les 499P auraient pu signer un deuxième triplé après le Qatar. Les prototypes transalpins vont devoir composer avec 12 kg en plus sur la balance, ainsi que 19 KW d'énergie en moins sous les 250 km/h.

La voiture la plus légère restera la Peugeot, à 1 030 kg, soit le poids réglementaire. Les 9X8, toujours à la peine en ce début de saison, en resteront également à 520 KW d'énergie sous 250 à l'heure, comme à Imola. Cette manche spadienne devrait, au vu des caractéristiques du circuit, mieux convenir aux prototypes sochaliens.

La palme de la lourdeur reste dans les mains de Toyota, qui reprend 4 kg de lest supplémentaires. Les GR010 N°7 et N°8 seront également les moins bien dotées au niveau de la puissance sous les 250 km/h (480 KW). Cela signifie sans doute que les voitures japonaises, présentes depuis les débuts de l'Hypercar en 2021, gardent un avantage certain en performance intrinsèque.

Les Aston Martin, elles, couraient avec un gros embonpoint depuis le début de saison, où elles débutent dans la classe reine. Ce 3e rendez-vous de l'année les verra bénéficier d'une importante cure d'amincissement, avec une perte conséquente de 16 kg (1 035 kg). Avec les Alpine et les Peugeot, les Valkyrie seront les plus puissantes sous 250 km/h, avec 520 KW. On devrait alors observer une nette progression en performance pour les voitures de Gaydon, qui font l'unanimité auprès du public, tant par leur férocité visuelle que par la mélodie enchanteresse du V12 Cosworth.

Enfin, quant à l'allocation d'énergie sur un relais, Ferrari sera l'écurie qui en comptera le moins, avec 897 MJ. Celle qui, en revanche, en aura le plus de tout le plateau, ce sera Aston Martin, qui pourra compter sur 908 MJ durant chaque relais.

Enfin la grande première de BMW à Spa ?

DPPI/FIA WEC

Le combat pour la victoire au classement général s'annonce exceptionnel sur ces 6 Heures de Spa. Depuis la saison 2023 et le véritable commencement de l'ère Hypercar, seuls Toyota, Ferrari et Porsche ont réussi à s'imposer. Et il n'est pas impossible qu'une quatrième marque vienne apposer son nom au palmarès.

Les BMW ont fait des progrès substantiels depuis leur arrivée en Hypercar, l'an dernier. L'expérience acquise en IMSA a aussi contribué à la progression du projet bavarois. Cela s'est vu notamment à Imola, où les N°15 et N°20 ont été capables, au moins un peu, de menacer Ferrari sur ses terres. La hype pourrait d'autant plus monter à Spa que les voitures à l'Hélice sont exploitées par l'équipe locale de l'étape, WRT.

Son patron, Vincent Vosse court après une première victoire au classement général en championnat du monde. On aurait pu penser, après le Qatar, que Cadillac pouvait être la 2e force du plateau. Mais il semble bien s'agir de BMW, qui peut en plus compter sur son trio de pilotes le plus compétitif, quand bien-même il n'a pas obtenu le podium à Imola. Sur la N°15, Kevin Magnussen fera parler son expérience de la F1, Raffaele Marciello sera présent pour l'épauler et Dries Vanthoor, à domicile, aura à cœur de briller sur ses terres.

Mais attention à ne pas trop vite enterrer la concurrence : capable de très bons coups stratégiques, Alpine et ses N°35 et N°36 sont capables de se hisser vers les premiers rôles, en témoigne la 3e place du trio Gounon/Makowiecki/Schumacher à Imola. Ferrari, malgré son alourdissement, sera certainement dans le coup avec ses trois voitures. Sans oublier Toyota : la marque japonaise, qui a tenu le WEC a bouts de bras pendant les années de vaches maigres, reste une référence quant à la maximisation de la stratégie et des faits de course.

La météo devrait a priori laisser la manche belge tranquille, même si la topographie des Hautes Fagnes peut rendre le ciel très capricieux d'un moment à l'autre. Une course folle pourrait aussi permettre à Cadillac d'enfin relever la tête, Porsche de revenir à son meilleur niveau et Peugeot d'enfin obtenir une place dans le haut de tableau. Et pourquoi pas une bonne surprise de la part Aston Martin ?

En LMGT3, les paris sont très ouverts

DPPI/FIA WEC

La hype autour de l'Hypercar fait forcément un petit peu d'ombre à la classe LMGT3. Et pourtant : celle-ci a offert, sur les deux premières manches du championnat, un duel épique pour la victoire jusque dans le dernier tour. Au Qatar, Corvette l'avait emporté avec la N°33 face à une McLaren N°59 toute proche. A Imola, la BMW N°46 a bien failli l'emporter face à la Porsche N°92. Son accrochage avec la Ferrari du Vista AF Corse, plus tôt, a changé le destin de la course.

Alors, comment ne pas penser que les 6 Heures de Spa pourraient encore une fois réserver un scenario épique ? L'un des nombreux enjeux de cette catégorie serait de voir un troisième équipage différent s'imposer, pourquoi pas d'un constructeur différent.

Le public français attendra forcément les Lexus de l'équipe tricolore Akkodis ASP, qui fait montre d'un réjouissant niveau de performance cette année. Ce qui tranche sensiblement avec l'an dernier, qui avait été une saison de galère. La N°78 est pour l'instant plus en vue que la N°87, puisque la première nommée a conquis la 3e place à Imola.

Côté belge, on se prendrait à rêver d'un double succès de WRT, d'une part en Hypercar et de l'autre en LMGT3, avec les N°46 et N°31. La première citée a marqué un grand moment dans l'histoire du WEC, avec la pole position signée par Valentino Rossi, légende du MotoGP. L'équipe de Vincent Vosse voudra en tous cas faire oublier le double abandon des M4 GT3 l'année dernière. En particulier le terrible crash qui a impliqué la N°31 et la Cadillac N°2 dans la ligne droite de Kemmel.

La BoP pourrait donner quelques indications des forces en présence pour cet ultime rendez-vous avant Le Mans. Au niveau des modes de puissance (du P0 le meilleur à P19 le plus faible), Ford sera le constructeur le mieux loti, puisque ses Mustang bénéficieront du P1. Les Ferrari N°21 et N°54 du Vista AF Corse, elles, seront fixées au P18.

Côté poids, Ford prendra 4 kg, mais restera la LMGT3 la plus légère, avec 1 332 kg. La plus costaude sera son homologue américaine, la Corvette, qui devra transporter 1 370 kg. La plus grosse perte de poids sera pour les Aston Martin Vantage, comme leurs sœurs Hypercar : elles auront 10 kg de soulagés.

Enfin, la puissance allouée sur un relais sera la plus importante pour Mercedes : les AMG GT3 débutent en mondial d'endurance cette saison, avec l'équipe italienne Iron Lynx.  Le constructeur allemand est toujours en quête de progression et bénéficiera de 700 MJ sur chaque relais. Ce sera la seule marque à évoluer au-dessus des 699 MJ. La plus faible quantité d'énergie sera pour Ferrari, qui n'aura "que" 657" MJ à disposition.

Chaque manche du WEC est indécise, tant il peut se passer de choses en plusieurs heures. La seule chose que l'on puisse dire, c'est tout simplement : faites vos jeux !