Dans une longue interview accordée à Auto Hebdo, Pierre Fillon, Président de l'ACO, revient sur la décision de Peugeot et l'avenir du WEC.
"Nous avons été surpris à double titre'', commence Pierre Fillon en parlant de la décision de Peugeot. Depuis quelques mois, Peugeot fait parti des négociations sur le futur règlement du WEC. Récemment, la marque au lion a choisi de se concentrer sur "le Rallycross et sur sa version électrique'', expliquait Jean-Marc Finot, responsable du sport automobile chez PSA, au journal L’Est Républicain.
"Peugeot n'a pas attendu la finalisation du règlement sur lequel nous planchons actuellement, et parce que nous travaillions avec eux dans un groupe de travail, ayant pour sujet le règlement LM P1 2020, depuis plus de six mois maintenant'', continue le Président de l'ACO.
Pierre Fillon revient également sur les conditions imposées par Carlos Tavares, président du directoire de PSA, pour un retour de Peugeot en endurance. Les conditions sont les suivantes :
- Le premier point, la marque Peugeot doit redevenir bénéficiaire. L’opération « Back in the Race » voulu par Carlos Tavares a porté ses fruits. En 2015, le Groupe PSA a enregistré un bénéfice net de 1,2 milliards d’euros. L’an passé, le bénéfice a atteint quasi le double de celui de 2015. Le constructeur a enregistré un bénéfice net de 2,15 milliards d’euros. Le beau fixe est revenu dans les finances du groupe, et le récent rachat d’Opel/Vauxhall le prouve parfaitement !
- Le deuxième point concerne le Paris-Dakar. Engagé dans le programme depuis 2015, le constructeur n’a pas attendu longtemps pour renouer avec la victoire. Dès sa deuxième participation, Stéphane Peterhansel s’adjuge l’épreuve avant de récidiver l’année suivante. La condition est respectée !
- Dernier point, « le coût de cette compétition ne dépasse pas les 200 millions d’euros par an », déclarait Carlos Tavares au Salon de Genève. Sur ce point, des efforts sont encore à faire. Et c’est ce point qui fait que Peugeot ne revient pas pour le moment au Mans. Il faut dire que le budget annoncé par Carlos Tavares représente celui dépensé par Audi avant son départ et avoisine celui de Porsche actuellement.
"Or, nous avons rempli notre partie du contrat puisque le règlement que nous élaborons nécessite un budget inférieur à 50 millions d'euros'', explique Pierre Fillon.
La fin de l'hybride ?
Avec l'expansion des championnats électriques comme la Formule E et le E-WRX, on peut se demander si l'hybride utilisé par le WEC est encore d'actualité.
Pierre Fillon répond justement à ce sujet : "l'hybride devrait donc rester la voiture de référence pour les dix années à venir. L'électrification dont tout le monde parle, ce n'est pas du 100% électrique, mais de l'hybride plug-in (hybride rechargeable, Ndlr) qui avait d'ailleurs inspiré le premier jet du règlement 2020, présenté en juin dernier''. Le Président de l'ACO explique que le règlement 2024 pourrait se tourner vers le plug-in.
Les hypercars, les LM P1 de demain ?
Récemment, Aston Martin et Mercedes ont présenté leur hypercar. Verra-t-on un jour la Project One et la Valkyrie en piste en WEC ? "Cela fait effectivement partie des choses en cours d'évaluation'', assure Pierre Fillon. "Ce qui est certain, c'est qu'il faudra que la marque soit identifiable au premier coup d'oeil par le spectateur, à l'image de ce que nous avons pu voir par le passé''. Ici, Pierre Fillon fait référence à l'époque des GT1 face aux GTP à la fin des années 90.
Quant aux DPi utilisé dans le championnat IMSA, le Président de l'ACO explique pourquoi cette solution n'est pas envisagée. "Une DPi a des performances similaires à une LM P2 et son concept est donc différent de celui d'une LM P1'', déclare-t-il. "Mais je pense que concevoir une LM P1 non hybride pour 2018-2019 ne coûte pas plus cher d'une DPi''. Pierre Fillon espère, malgré tout, que les règlements LM P1 et DPi soient communs à l'avenir.