Des courses qualificatives sont évoquées à partir de 2020 pour changer le format des week-ends en F1. Mais les audiences outre Atlantique prouvent que les qualifications actuelles sont bonnes.

Liberty Media veut conquérir encore de nouvelles cibles sur son audience et notamment les plus jeunes. Pour se faire, à défaut d'avoir beaucoup d'actions en piste pendant les courses, l'idée d'une grille de départ chamboulée pourrait augmenter la curiosité... C'est du moins, ce qu'ils pensent !

Ne pas toucher au système des qualifications

Alors que les motoristes et la F1 ne sont pas d'accord sur le futur de la motorisation et que les règles pour 2021 sont encore en pourparlers, l'idée des courses qualificatives pourrait être testées dès 2020 sur trois Grands Prix, c'est ce qu'il se fit dans les coulisses.
Et cette nouvelle mesure est loin de faire l'unanimité, Max Verstappen affirmant qu'il s'agirait d'une connerie, Jacques Villeneuve pense que cela n'est plus de la F1, Lewis Hamilton est plus évasif mais pas contre l'idée d'un nouveau format de week-end.

Quant au système des qualifications, c'est la 'Madeleine de Proust' de la FIA qui n'a cessé de changer le format sans jamais consulter les protagonistes. Celui en place mériterait quelques ajustements, comme la règle du tour le plus rapide en Q2 qui définit la monte de pneus pour le départ des 10 premiers pilotes.
Ce qui dans certaines occasions pénalisent ceux en 9e et 10e place sur la grille, car le 11e de la grille de départ est libre de choisir ses gommes... En début d'année, l'idée de rajouter une session Q4 fut évoquée... Mais pourquoi faire ? A l'heure où l'on parle de réduction des coûts et de budgets plafonnés à l'avenir ?

La F1 devrait apprendre de la NASCAR

Changer le format des qualifications pour en faire des mini-courses avec une grille inversée, voilà un spectacle promis par Liberty Media qui chiffonne les promesses de réduction de coûts ! Alors que le calendrier de la F1 affichera une saison record de 22 courses, l'épuisement des organismes des mécaniciens et le personnel des écuries pose déjà des interrogations.
Quant à une course qualificative, qui précédera une autre course, ne va-t-on pas entacher l'intérêt de cette dernière ? Une course, même raccourcie et dite qualificative amènera-t-elle encore un intérêt pour le Grand Prix le lendemain ? Et si la course qualificative s'avère plus distrayante que le Grand Prix en lui-même... ?

Outre Atlantique, la NASCAR a mis en place les Play-Off, qui définissent la dernière ligne droite du championnat. Concrètement, le calendrier comprend 36 courses, mais il y a une 'saison régulière' dans laquelle les pilotes doivent se qualifier (en décrochant une victoire, par exemple...) pour accéder au dernier carré.
De 16 prétendants, puis 12, 8 et enfin 4 pilotes pour la finale. La dernière manche à Homestead Miami ne peut sacré qu'un pilote parmi 4 pilotes survivants aux playoffs. Un système décrié par les fans, qui attribue systématiquement le titre lors de la dernière course mais dont les audiences ont sanctionné ce nouveau format. Lors des trois dernières années, la finale du championnat NASCAR a perdu 45,6 % de son audience pour n'afficher que 4,2 millions de téléspectateurs.

Les audiences ESPN prouve que le système fonctionne

Aux USA, NBC Sports diffusait la F1 de 2013 à 2017 avec une enveloppe de 4 millions à l'année et à refusé de prolonger pour 40 millions de dollars pour les 7 saisons suivantes. NBC Sports ne voulait pas faire de l'ombre au futur service officiel de streaming de la F1.
C'est ESPN (détenu à 80% par The Walt Disney Company) qui récupéra la diffusion en 2018 et ce... gratuitement ! Pour ce faire, ils utilisent plusieurs canaux de diffusion et notamment la Sky (dépourvue de pub), alors que ESPN a du s'allier à un sponsor pour éviter de caser des pubs de façon aléatoire (et qui a déclenché la grogne des téléspectateurs).

Mais ESPN a récupéré une série qui était en hausse en terme de popularité, sur les 5 dernières années de diffusion par NBC Sports, la F1 a gagné 70% d'audience pour s'établir fin 2017 à 558.000 téléspectateurs par course. On est très loin des chiffres réalisés par les deux championnats populaires aux USA, à savoir l'IndyCar Series et la NASCAR, mais il y a un public et les annonceurs veulent capter aussi cette audience.
Dès 2018, ESPN voit une hausse de 2% pour afficher 547 700 téléspectateurs et l'année 2019 affiche déjà une spectaculaire augmentation de 20% par rapport à la saison passée. Mieux encore, les qualifications sont en progression de 46%.
Il est vrai que cette saison, les séances de qualifications ont offert leur lot de surprises, avec une domination Mercedes dans la première moitié de saison, mais des pole positions réparties à 4 unités pour Hamilton et Bottas, alors que Vettel en décrochait une au Canada et que Leclerc en collection 6 désormais, plus que quiconque cette saison.

La séance de qualification dans sa lutte face au chronomètre est un vrai spectacle en soi, les fans attendent ce moment pour savoir qui sera l'homme le plus rapide du week-end. Sacrifier cette séance au profit d'une pseudo mini-course tuera la statistique de la pole position, le charme qu'avait le défi du chronomètre et cette mini-course sera sans enjeu si ce n'est une place sur la grille. Une place sur la grille de départ où tout peut être possible pendant un Grand Prix, alors pourquoi vouloir décider aléatoirement l'ordre de départ ?