Beaucoup de choses ont été écrites concernant l'échec de l'association McLaren et Honda. Le manque de fiabilité du moteur japonais a bien souvent été pointé du doigt.

Mais le motoriste n'a récemment pas hésité à pointer du doigt l'équipe anglaise. Tout comme l'ancien argentier de la F1, Bernie Ecclestone. En effet, l'anglais estime que les tensions entre l'équipe et son motoriste ont conduit à cet échec. Et que la faute incombe à McLaren.

Mais Masashi Yamamoto est lui un peu modéré. Cependant il estime que l'équipe de Woking a du mal à s'adapter aux changements. Ce qui est donc un handicap pour un tel championnat.

Une réputation déjà bien connue

Sous l'ère Ron Dennis, l'ambiance était parfois caractérisée comme « difficile ». Car l'anglais, connu pour son fort caractère, était dur avec son équipe. Mais qu'en est-il aujourd'hui ?

C'est sur le site Glassdoor qu'il faut se tourner pour trouver les remarques des employés de McLaren. Il s'agit d'un site internet d'emplois qui permet aux employés présents et anciens de commenter leurs entreprises. Et il leur permet également de donner leurs salaires et d'autres informations relatives à leur emploi.

Il y a actuellement 84 avis d'employés concernant McLaren Technology Group, qui emploie environ 1000 personnes. Et avec une moyenne de 2,4 sur 5, on y retrouve beaucoup de commentaires négatifs sur l'entreprise.

Une « gestion chaotique » du personnel

Le site GrandPrix247 a répertorié 53 avis d'employés actuels de l'équipe. Et une grande partie de ces avis met en avant un manque de management. Un ingénieur chef indique le manque de « direction par les responsables, une gestion chaotique et un manque de moyen ». Mais il n'est pas le seul. Plusieurs employés appuient cette opinion. Ils parlent notamment de « management brisé »  et expliquent aussi le « peu de respect pour les employés, très hautes attentes, atmosphère déplaisante, il y a plus de dirigeants que d'employés ».

Un employé anonyme avance « l'absence totale de vision ou de stratégie » de la part des chefs. « Une société affreuse avec un leadership terrible, pas de vision, pas de direction. Ils exagèrent leurs capacités, mais il n'y a pas beaucoup de choses sous le capot. Culture agressive du blâme  et pas de transparence » indique un autre employé.

Mais un autre avis vient contre balancer cela : « Un leadership solide avec une stratégie claire en place sur trois ans qui donne au personnel une compréhension des travaux à venir et des nouvelles technologies. La partie informatique a maintenant de bonnes relations avec d'autres secteurs de l'entreprise, ce qui permet à l'équipe de travailler en collaboration ».

Certains donnent des conseils pour la direction concernant le problème de management. Il faut « faire plus attention à son personnel » et être « plus compréhensif avec le personnel ». Un autre les invite à être « plus sage. Suivez votre propre système disciplinaire ! Traitez les personnes avec respect et adultes plutôt que de les traiter comme si elles avaient cinq ans ! ».

On ne fait pas carrière chez McLaren

Un deuxième point avancé est le manque d'évolution professionnelle, ou plutôt l'illogisme des promotions. Le « népotisme » semble bien trop présent, tout comme des inégalités salariales insensées. Ce qui a pour conséquences, selon les commentaires, d'avoir des personnes non qualifiées pour les postes qu'elles occupent.

"De nombreux cas de népotisme et de favoritisme, en particulier chez les employés italiens, qui sont généralement mieux payés. Disparité complète entre salaire et attentes quant à ce qui doit être accompli dans les délais et sans budget - ce n'est pas une course à la bonne affaire ! Une promotion et une progression peu claires, à moins que vous ne connaissiez les bonnes personnes. Salaire / bonus / promotion mis en attente pour les personnes sélectionnées, qui ne partagent pas les « bonnes » opinions des dirigeants.

Pas de budget et des possibilités de formations limitées pour sa formation, voire crucial pour votre rôle. Beaucoup de jeunes ingénieurs inexpérimentés sont laissés sans soutiens et conseils, conduisant à des systèmes mal conçus, qui ont des problèmes à plusieurs reprises - ce qui coûte cher à chaque entreprise » indique un ingénieur présent depuis plus de 3 ans.

« Les employés ne sont pas qualifiés. Il semblerait que n'importe qui peut être chef de groupe. Certains départements sèment la terreur » explique un chef logistique présent depuis plus d'une année. Il continue en expliquant qu'il faut « promouvoir le personnel qui le mérite en raison de leur travail acharné et pas simplement le compagnon de quelqu'un. Les leaders sont trop jeunes, ils ont besoin de plus d'expérience ».

Enfin, un dernier employé explique qu'en ce qui concerne les promotions « beaucoup de gens sont négligés parce que quelqu'un qui connaît quelqu'un obtient le travail ».

Des conditions de travail difficiles

Les conditions de travail sont aussi en cause. Entre des chefs abusifs et des horaires exponentiels, le personnel est physiquement et émotionnellement épuisé. Le grand nombre de personnel entraîne une surpopulation des bâtiments et le manque de place sur le parking.

« Le stress commence avant votre arrivée. La plupart des employés doivent partir au travail jusqu'à une heure avant de devoir être là parce que le stationnement sur place est une blague. La raison est que si vous arrivez 30 minutes avant, vous avez la chance d'être bloqué ou de bloquer quelqu'un, dans l'ensemble, tout le début de la journée est un grand stress. Sur le plan du travail, vous êtes confronté à des personnes qualifiées ayant une vaste expérience commerciale et [des personnes] non spécialisées qui causent des problèmes liés à la qualité » explique un employé anonyme.

« Une autre chose est que beaucoup de gens sont des entrepreneurs qui gagnent plus de £ 15 par heure et beaucoup d'entre eux ne sont pas qualifiés contre les employés qui ont traversé un entretien et sont embauchés en fonction de leurs expériences, compétences et du contenu de leur CV, la plupart en temps complets et payés environ £ 11.50 l'heure, donc immédiatement, une énorme division de salaire qui cause une injustice psychologique au point où vous pensez que les idiots ne voient pas cela, n'est-ce pas ?

La plupart des employés de production devraient travailler 26 jours par mois certains 6 jours par semaine d'autres 7 jours et jusqu'à minuit 5 jours par semaine pour moins de 25 000 £ par an. La contrainte du travail n'est pas contrebalancer par de bons salaires. Si vous vous plaignez de cela, on vous indique rapidement où se trouve la porte, et des plaintes formelles à l'adresse RH sont une perte de temps car ils s'inclinent devant la direction » poursuit-il.

Des relations entre collègues tendues

Au delà des conditions physiques, les rapports avec les autres employés ne semble pas au mieux. Un employé explique que le « personnel qui est présent depuis longtemps est autorisé à traiter les autres comme la saleté ; ils s'en tirent en intimidant les autres. J'ai entendu des histoires terribles de ce qui se passe lorsque les gens se plaignent, alors je n'ai pas dérangé, mais je cherche un autre emploi ».

« Il semble que les responsables ne se soucient pas du personnel, si vous rencontrez de réels problèmes, je pense qu'ils ont tendance à être très sympathique et à vous aider. Mais pour la plupart, on dirait qu'ils ne considèrent pas les problèmes quotidiens ou les inefficacités, ce qui me frappe car à court terme la fixation de petits problèmes (et généralement l'amélioration du moral) pourrait probablement améliorer la productivité » indique un ingénieur.

Une ambiance arrivée avec Honda ?

Certains employés avancent que l'arrivée de Honda et de son personnel est la cause de la détérioration des conditions de travail. Un employé présent depuis plus de 2 ans explique que l'arrivée de Honda a « changé dramatiquement » McLaren.

« Les membres du personnel sont maintenant traités sans aucun respect. C'est quasiment un club d'hommes de Honda avec de l'ancien personnel de Honda entrant dans l'entreprise et en peu de temps prenant les rôles de chef d'équipe. La plupart des promotions vont aux anciens employés de Honda, sans considération ni égards pour le «vieux» personnel de Mclaren qui est généralement beaucoup plus qualifié pour les postes. Tous les cadres intermédiaires viennent de Honda (tous embauchés par leurs amis plus haut) et sont venus avec la même attitude arrogante et désagréable de "si vous ne l'aimez pas, la porte est là", même l'un des cadres supérieurs que vous voyez sur le chantier vient de la lignée des persécuteurs et tente de jouer le rôle d'intimidateur et de parler aux personnes comme s'ils étaient des sous-hommes ».

« Culture du reproche. Pas de pièces à temps. Gaspilleur. Moyens et hauts responsables venant de chez Honda et Lotus » indique un membre de l'équipe de production. Il indique ensuite à McLaren qu'il faut « licencier les responsables intermédiaires et hauts responsables et tout recommencer. Se débarrasser de Honda et de sa culture ».