C'est sans conteste l'une des plaintes redondante entendue au sein de la F1 : le maigre spectacle offert en piste. Il n'y a pas assez d'actions, pas assez de rebondissements, pas assez de dépassements ! Et pourtant la F1 est toujours aussi populaire, toujours au sommet des disciplines automobiles. Elle est adulée de tous les pilotes débutant leur carrière en karting.

La F1, un sport de passionnés

La F1 est l'un des sports mécaniques les plus anciens, sa première édition mondiale eu lieu en 1950. Elle a traversé les époques, son Histoire porte les stigmates des conflits géo-politiques, mais elle aura survécu ! Mieux, elle s'est bonifiée, une évolution sur tous les plans techniques et sportifs, et a pris une ampleur professionnelle. Ses débuts sont considérés comme de l'artisanat comparé au business-model d'aujourd'hui. Son environnement s'est agrandi par les hommes qui l'ont fréquenté, les écuries engagées et les terres d'accueil très éclectiques.

Elle compte aujourd'hui plusieurs générations de fans, dont la passion est bien souvent héréditaire ! En effet, il n'est pas rare que la passion vienne dès le plus jeune âge avec ces héros d'antan ayant gravé leurs noms dans le marbre de la discipline !
Ces icônes indémodables, presque indénombrables font partie de la vie d'un passionné ! Dès lors les anecdotes foisonnent, les pilotes sont comparés dans leurs attitudes, leurs styles de pilotage, et évidemment leurs palmarès.

La F1 est iconique, elle traverse les générations et suscite toujours l'admiration. C'est bien cela sa force première...

Lauda Andretti Reutemann Pays-Bas 1977

Lauda-Andretti-Reutemann : Pays-Bas 1977.

Ce que veulent les fans

Cet amour pour cette discipline requiert toujours plus d'exigence de la part du public, en terme de spectacle. Car, au-delà du défi mécanique imposé en F1, pour qu'elle soit populaire, il faut en assurer le spectacle ! C'est un show permanent que doivent offrir les pilotes, les voitures, les écuries, mais également les circuits. Les pays hôtes rivalisent d'animations pendant les temps-morts des Grand Prix.

Mais, depuis quelques années déjà, la grogne monte, et le refrain revient toutes les années : La F1, c'était mieux avant !

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La F1, c'était mieux avant ? L'affirmer est inexact, et ce serait faire preuve d'oubli d'une bonne partie de la genèse de cette discipline ! Il est évident que les meilleurs souvenirs, les moments de bonheur sont ceux qui sont les plus exaltants. Ainsi, les batailles à vive allure, roues contre roues, repoussant les limites de la physique sont les plus marquantes. La limite est vite franchie lorsqu'un qualifie un pilote de médiocre à funambule. La plupart du temps, cela se joue de circonstances ou de faits de course.

La F1 exploite le meilleur de la technologie applicable à la mécanique, son Histoire se construit de nouveaux défis, d'où son spectacle malléable...

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McLaren Project Four : MP4/1

Moins de dépassements qu'hier ?

Est-il exact de penser que la F1 offre moins d'opportunités de dépassements aujourd'hui ? Il ne faut pas raccourcir cette idée au simple fait que les dépassements sont garants d'une bonne course !
Les monoplaces, de part leur conception, ne sont pas étudiées pour doubler. Aussi étonnant que cela puisse paraître, la Formule 1 n'est pas un championnat de courses sprint ! Ce sont des monoplaces très rapides et redoutables, mais elles n'ont pas l'ADN de sprinteuses.

En effet, prenons l'exemple du règlement sportif qui restreint les écuries en nombres d'organes mécaniques (pour des raisons de coûts). Si l'on use de la mécanique à son maximum pendant toute la course, cela en réduit la fiabilité. Il est évident que ces éléments mécaniques (moteur, boite de vitesses, turbo...) auront bien du mal à boucler le nombre de courses édité par le règlement.
La fiabilité est un impératif à respecter pour pouvoir finir les courses (avant de pouvoir prétendre les gagner...). On commence donc a apercevoir la gestion des organes mécaniques, et par assimilation la stratégie de course.

Stratégie de course, science gagnante

Il est logique que les pilotes de F1 ne peuvent pas rouler au maximum des possibilités d'une monoplace, pour les raisons évoquées plus haut. Donc, la sauvegarde des éléments est inévitable, c'est ce qui fait partie de la gestion de course.
Les essais libres servent à définir cette stratégie pour le week-end de course. Les écuries testent la réaction de la monoplace en fonction des réglages sur les différents tracés. Le pilote, lui, prend ses repères et évalue l'évolution des conditions de piste.
S'il existe une séance sur laquelle les monoplaces donnent tout leur potentiel, c'est le samedi après-midi pour les qualifications. Effectivement, cette session est bien un exercice de vitesse pure, car les pilotes doivent tout tenter pour être désigner le plus rapide. C'est à cet instant-là que les cartographies des moteurs sont réglées sur le maximum de puissance disponible !

Lorsque vous entendez à la radio que les pilotes ont l'autorisation d'attaquer, de doubler leur adversaires, c'est là que les ingénieurs autorisent la meilleure cartographie. C'est pour un instant donné, sur une courte distance, ou du moins, savamment étudiée par les écuries. Ceci met bien en exergue que la Formule 1 est une course de gestion, où il faut une parfaite stratégie pour mettre sous l'éteignoir ses adversaires directs.

Les passes d'armes, roues contre roues sont circonstancielles, résultantes d'une faiblesse temporaire de son adversaire.

© origin.lb.formula1.com - Senna - Mansell / Espagne 1991

© origin.lb.formula1.com - Senna - Mansell / Espagne 1991

La stratégie de course détruit les dépassements ?

Respecter une stratégie de course pour la sauvegarde des éléments n'insinue pas que les pilotes roulent au pas. Bien entendu que le rythme est élevé, mais la Formule 1 est un sport mécanique tellement complexe. Tout y est étudié, millimétré, ordonné et le tableau de marche édité par les écuries se doit d'être respecté. D'où le sentiment qu'ont certains fans de penser que tout est téléguidé, ou que les pilotes n'ont pas toujours le choix de doubler et mener à bien une course bien plus excitante !

Les pilotes sont employés d'une écurie, ils doivent aussi respecter le travail de beaucoup d'ingénieurs et de mécaniciens, et d'obéir à leurs employeurs. Il y a un pilote n°1 et un pilote n°2 dans une écurie, stipulé ou non dans les contrats. Cela en a toujours été ainsi, plus ou moins avoué par certains acteurs de la F1, mais c'est bien en appliquant cette doctrine que l'on remporte des titres de Champions du Monde.

Le pilote n°1 se doit de tout faire pour rester devant, ou pour virer en tête assez rapidement jusqu'à l'abaissement du drapeau à damier. Le pilote n°2, lui, appliquera la technique de la chicane mobile pour empêcher les adversaires de déloger de la première place son coéquipier. Mais également les empêcher d'inscrire de bons points, relativement cruciaux pour le classement final (pilotes et constructeurs). L'importance de ralentir ses adversaires permet l'application de la stratégie afin de mettre en évidence un concurrent insoupçonné. Si vous pouvez ralentir votre plus dangereux concurrent pour la conquête du titre, il sera à son tour menacé par un adversaire outsider. Les ennemis de mes ennemis sont mes amis !

Double-moi, si tu peux

L'autre perfidie de la stratégie déployée, étant de mettre en corrélation cette baisse de performances (celle de votre adversaire) avec une psychologie maîtrisée de vos adversaires incapables de détrôner le leader que vous êtes !

Outre la course à la victoire (pour ceux qui en ont les pleines capacités), c'est la course à l'objectif réalisable qui glorifie la capacité d'une écurie a exceller dans sa stratégie de course. Le petit Poucet de la F1 fera toujours bonne sensation s'il détrône le Goliath de la piste.

Alési (Tyrrell) / Senna (McLaren) : États-Unis Phoenix 1990

Alesi (Tyrrell) / Senna (McLaren) : États-Unis Phoenix 1990

Les spectateurs ont toujours l'impression que le spectacle était plus intéressant avant ! Dans leurs meilleurs souvenirs, certaines passes d'armes restent mémorables. Ceci étant, ces joutes en piste ne sont pas pour autant l'unique témoin d'un spectacle glorieux. Les plus anciens d'entre nous pourront aussi vous narrer les courses où les pilotes favoris pour la victoire explosaient leur moteur à quelques encablures du drapeau à damier.
Ils pourraient aussi vous dire à quel point ils rageaient de voir des monoplaces en panne d'essence... Les quelques mésaventures de certains pilotes usant des ultimes bouts de bande de roulement, avant d'éclater le pneu... Que de courses gâchées, que de talents qui n'ont pu éclore au grand jour ! Tous ces ratés dont la cause vient de la stratégie de course non respectée dont l'unique responsable est le pilote.

Conclusion

Les décennies passent, les souvenirs s'additionnent, les fans persistent de s'énamourer d'un pilote ou d'une écurie. La F1, elle, évolue constamment suivant la métamorphose proportionnelle de la technologie pour toujours offrir cette vitrine d'exception qu'elle a été, qu'elle continue d'être, et qu'elle essaie de rester !
La F1 se modernise toujours, le spectacle est en adéquation avec ces changements, il ne reste plus qu'au spectateur d'y accorder un regard nouveau, d'en accepter cet angle différent pour à nouveau retrouver ces joies transmisses par héritage.