Poutine, Président de la République Fédérale de Russie était présent pour célébrer la victoire de Lewis Hamilton. L'Anglais remporte le second Grand Prix de Russie de l'histoire, c'est presque sans saveur tant cela semble copié sur la précédente édition. Jamais inquiété par ses adversaires, l'animation est venue des écarts de conduite des concurrents à l'arrière des pelotons.

La Russie, plus que jamais au centre des interactions géopolitiques mondiales, cet événement sportif télévisuel très lucratif, est une formidable vitrine pour occuper le terrain médiatique. Le site olympique sied à merveille à l'exposition voulue par la Russie, on y regrettera que l'environnement du tracé ne soit pas plus propice à la sécurité des pilotes. En revanche, le développement du tracé sera mettre en exergue la moindre erreur de pilote sur cet enchaînement de courbes à hautes vitesses, les fortes zones de décélérations, les freinages en appuis et autres secteurs lents.
Le tracé apprécié des pilotes, devra à l'avenir s'arranger des modifications nécessaires (évaluées par les incartades de certains pilotes), y implanter quelques zones de Run-Off, au besoin et à la demande de la FIA, par exemple, mais également postuler pour un événement nocturne…

Lors de l'épreuve des qualifications de la veille, Rosberg a su s'imposer au grand dam de son coéquipier, incapable de proposer deux boucles parfaites lors de la dernière session Q3. Même les Ferrari n'ont pas rendu une copie parfaite, se faisant damner le pion par la Williams de Bottas. Les Force India sont en embuscade.

Les conditions climatiques laissent entrevoir un ciel totalement couvert, avec une température extérieur de 18°C, la piste ne dépassera jamais les 28°C. Les pneus Soft (bande jaune) et SuperSoft (bande rouge) seront à utiliser à bon escient, tant les stratégies ne laissent pas entrevoir beaucoup d'autres solutions qu'un seul arrêt.

La course :

A l'extinction des feux rouges, les Mercedes en tête du cortège se dirigent vers la première difficulté de ce tracé, à savoir le virage 2, qui conditionne la mise en vitesse nécessaire pour la grande courbe à gauche, le virage 3. Rosberg se place à l'intérieur du point de freinage, sans bloquer les roues avant, contrairement à l'an passé, il garde l'avantage et vire en tête.

A l'arrière-garde, Hülkenberg jauge et s'éloigne de Pérez (mal engagé pour son exploit de rester en course), le pilote allemand aborde le virage 2 par l'extérieur sur un filet de gaz, et se fait surprendre dans sa remise en trajectoire, trop au large, il accélère sur le gazon synthétique (appelé Astroturf), la sanction est immédiate, il perd l'adhérence sur le train arrière et part en tête-à-queue. Il percute Verstappen sur la Toro Rosso alors immobilisé contre un muret avec un pneu éclaté (il devra rejoindre son stand avec une monoplace meurtrie).

La Force India immobilisée en piste est percutée par la Sauber de Ericsson, c'est l'abandon pour les deux pilotes, déjà ! Grosjean passera par les stands pour troquer ses gommes, ainsi que vérifier son aileron avant, avec une réparation de fortune au scotch, un des meilleurs investissements de l'écurie Lotus. Suite à cet accident, la voiture de sécurité entre en action sur le tracé de Sotchi.

Le classement au tour 2 : Rosberg, Hamilton, Räikkönen, Bottas, Vettel, Pérez, Kvyat, Ricciardo, Button, Grosjean.

Alors qu'à la fin du tour 3, la voiture de sécurité s'efface, Bottas à bord de la Williams déborde la Ferrari de Räikkönen à l'aspiration dans la ligne de départ/arrivée, un Finlandais est toujours troisième de la course.
Alors que le schéma des Mercedes dominatrices depuis le début de saison se répète, rien ne semble acquis pour autant. Rosberg se plaint d'un souci de freinage, il se fait débordé par son coéquipier. Quelques virages plus loin, l'Allemand est au ralentit, il rentre aux stands pour y abandonner. Il s'agissait d'une pédale d'accélérateur récalcitrante. Nous étions dans la septième boucle.

Nouvelle intervention de la voiture de sécurité. Une Lotus gît sur la piste, totalement détruite ! C'est celle de Grosjean ! Dans la grande courbe à gauche qui constitue le virage 3, le pilote français suivait une McLaren (celle de Button), dans le sillage direct de ce dernier, le pilote voit sa monoplace légèrement déséquilibrée vers l'axe médian. Un rapide réflexe du volant qui sera inutile, l'adhérence perdue du train arrière envoie la Lotus dans les barrières du circuit (les protections TecPro). Il est temps pour les officiels d'arranger les protections du circuit, sans trop de précautions, rafistolés par des scotchs. Voilà qui fera écho sur le sujet sensible de la sécurité autour des circuits !
La FIA fait preuve de mansuétude à l'égard des commissaires de Russie, qui n'ont pas prévu des TecPro de rechange (à coûts modérés). Ce faisant, nous n'avons d'autres préoccupations que d'attirer à nouveau l'attention des instances dirigeantes de revoir leur copie, et d'être intransigeant sur cette forme de communication spoliant la bonne conduite de l'éthique sportive et sécuritaire, pourtant maintes fois rappelée à tous les Grand Prix (FIA Action for Road Safety).

Alors que la course reprend ses droits, chez Ferrari, il est temps de rétablir l'ordre hiérarchique établi sur les contrats des pilotes, Vettel passe à l'offensive, non sans se voir opposer une certaine résistance de son coéquipier. L'Allemand réussit à prendre le meilleur sur le Finlandais.

Le classement au tour 18 : Hamilton, Bottas, Vettel, Räikkönen, Kvyat, Nasr, Massa, Pérez, Maldonado, Ricciardo.

Au tour 26, Williams lance les hostilités des arrêts aux stands, et comme à l'accoutumé avec les hommes de Grove, c'est presque une stratégie à l'aveugle vouée à l'échec. Dans l'incapacité d'aller titiller les Mercedes, il fallait établir une stratégie du bouchon, ralentir les Ferrari pour les mettre en proie aux concurrents derrière eux (la Red Bull de Kvyat, favorisé le retour de Massa…) ou les contraindre à modifier leur stratégie, rentrer aux stands pour ressortir dans le trafic.

Il n'en sera rien, Williams s'enlise seul dans la bêtise, voilà de quoi contrarier les plans de Toto Wolff (l'homme de Mercedes) qui aimerait voir des podiums 100% Mercedes, plutôt que les partager avec des blocs Ferrari.

Les Ferrari, puis Hamilton effectuent à leur tour leur changement de gommes, si Vettel a pu gagner une place, Räikkönen a butté derrière Ricciardo et Bottas !

La Force India de Pérez s'étant joué des voitures de sécurité, le voilà sur la dernière marche du podium provisoire, sous la menace à distance de Bottas et Räikkönen.

Le classement au tour 38 : Hamilton, Vettel, Pérez, Ricciardo, Bottas, Räikkönen, Sainz, Kvyat, Massa et Button.

Alors que Bottas se défait de Ricciardo, à l'autre bout du circuit, c'est Sainz qui est en proie à des problèmes de freins. Le pilote espagnol miraculé d'un terrible accident lors de l'ultime séance d'essais libres du samedi matin, a finalement pris le départ de la course. Le voilà lancé dans un véritable corrida avec un disque de frein avant à l'agonie, une première sortie de piste, une seconde ponctuée d'un tête-à-queue. Campée en marche arrière sur un boudin protecteur et un aileron cassé, la monoplace italienne reprend la piste en jonchant cette dernière des pans verticaux de l'aileron arrière, les drapeaux jaunes sont déployés dans le secteur, Sainz, lui abandonne quelques hectomètres plus loin sans pouvoir rejoindre son stand, il pose pied à terre.

C'est la Bérézina dans le clan Renault, leur meilleur représentant Ricciardo, se voit à son tour contraint d'abandonner son poste de pilotage, une suspension récalcitrante sur sa Red Bull l'empêchant de continuer sa course.

Rien n'est définitif pour la troisième place du podium, contrairement aux deux premières, Pérez est à la peine avec ses gommes qui sont fortement dégradées en performance, même la Williams de Bottas parvient à le presser et le déborder à l'entrée du virage 13, la brèche est faite, Räikkönen le déborde à son tour, le Mexicain vient de perdre deux places.

Dans l'ultime boucle du tracé russe, Räikkönen est dans le sillage de la Williams de Bottas dans le virage 3, il termine cette courbe en décalant sa trajectoire vers l'intérieur du virage suivant. En sur-vitesse à cet instant-là, il ne pourra freiner correctement pour négocier correctement le délicat freinage du virage 4. Persévérant, mimant une action de la dernière chance, le choc est inévitable, il percute la Williams qui abandonnera. La Ferrari terminera son tour pour franchir le drapeau à damiers en cinquième position, mais avec une sanction sera à venir.

Hamilton remporte donc cette épreuve, son 42ème succès en carrière, il également son dauphin du jour au nombre de victoires, Vettel. Pérez s'invite sur le podium.

Massa est le miraculé du jour, 4ème au terme de cette course délaissée par les cadors, Räikkönen a écopé de 30 secondes de pénalité et se fait rétrograder en huitième place, Kvyat, Nasr et Maldonado le précédent. Button est classé en 9ème position devant Verstappen qui récupère la position d'Alonso, pénalisé à son tour de 5 secondes pour ne pas avoir respecté les limites du tracé.

Du côté des constructeurs, Mercedes empoche pour la seconde année consécutive la couronne mondiale.

Classement de la course :
1. Hamilton (Mercedes) Vainqueur des 53 tours, 309,745 Kms en 1h37'11"024 (moyenne : 191,23 km/h)
2. Vettel (Ferrari) + 5"953
3. Pérez (Force India) +28"918
4. Massa (Williams) +38"831
5. Kvyat (Red Bull) +47"566
6. Nasr (Sauber) +56"508
7. Maldonado (Lotus) +61"088
8. Räikkönen (Ferrari) +72"358 (pénalité de 30")
9. Button (McLaren) +79"467
10. Verstappen (Toro Rosso) +88"424
11. Alonso (McLaren) +91"210
12. Bottas (Williams) abandon
13. Merhi (Manor) +1 tour
14. Stevens (Manor) +2 tours
15. Ricciardo (Red Bull) abandon
Sainz (Toro Rosso) abandon tour 44
Grosjean (Lotus) abandon tour 7
Rosberg (Mercedes) abandon tour 6
Hülkenberg (Force India) abandon tour 1
Ericsson (Sauber) abandon tour 1
Meilleur tour : Vettel (Ferrari) : 1'40"071 tour 51.