Le sponsoring est devenu une chose difficile en F1. Alors que les vendeurs de tabac ont été proscrits à la fin des années 2000, l'alcool semble suivre la même voie. 

Fin 2006, les cigarettiers qui ornaient les F1 quittent les pontons, ailerons ou encore capots moteur. Exit Mild Seven, BAT ou encore Marlboro, les derniers survivants d'une progressive disparition. Quoique, pour la marque de Philip Morris, elle est toujours impliquée en F1, dans l'ombre.

Depuis, le sponsoring s'est diversifié pour finalement s'appauvrir. Les voitures n'arborent plus autant de sponsors que par le passé. En 2017, on retrouve en moyenne 11,3 sponsors sur une F1. Cependant, la situation est devenue plus favorable en 2018, avec l'arrivée de plusieurs sponsors. Les équipes parviennent à signer différents partenaires, comme Sauber l'a fait avec Alfa Romeo ou encore récemment Haas avec Old World Industries.

Mais un marché a commencé à se développer en F1. Ainsi, les marques d'alcool s'affichent sur les différents éléments des voitures. Martini chez Williams, Chandon chez McLaren, Singha chez Ferrari, Estrella chez Renault, Kingfisher chez Force India. Aussi, Heineken et Johnnie Walker sont devenus des marques partenaires de la ... F1 !

Un marché en danger ?

Dans certains pays, la publicité pour l'alcool est interdite. C'est le cas par exemple en France. La loi Evin, votée en 1991, indique que "toute opération de parrainage est interdite lorsqu'elle a pour objet ou pour effet la propagande ou la publicité, directe ou indirecte, en faveur des boissons alcooliques''. Il en est de même à Bahreïn et à Abu Dhabi pour des raisons culturelles. La Russie également empêche la publicité de marque d'alcool.

Mais cela n'est pas le seul problème pour ce nouveau sponsoring à la mode en F1. Ainsi, Eurocare a fait savoir son point de vue en 2015 à Jean Todt.

"L’exposition de marques d’alcools en Formule 1 est bien plus haute que la moyenne. La relation entre la course automobile et l’alcool au volant pose problème. Il semblerait qu’il y ait un manque de responsabilité de la part de la communauté de la F1, qui montre ces marques à plus de 500 millions de téléspectateurs. Eurocare a déjà fait savoir le problème concernant cette présence d’alcool en F1 auprès de Jean Todt, le président de la FIA, qui a rejeté toute responsabilité'', a déclaré Mariann Skar, secrétaire générale chez Eurocare.

De son côté, Jean Todt a répondu à cette déclaration, quelques jours plus tard. "La FIA n'a aucun lien avec l'utilisation de la publicité pour l'alcool. C'est lié à chaque pays spécifiquement. Je suis entièrement contre l'alcool au volant, mais chaque pays doit faire son propre travail. On ne peut pas interdire l'alcool, c'est impossible. Mais on peut éduquer les gens à ne pas boire et conduire''.

Récemment, l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) a retiré l'alcool de ses listes de produits interdits.

La F1 peut-elle vivre sans l'alcool ?

Tout comme l'après tabac, la F1 peut réussir à survivre au départ des marques d'alcool. Martini quitte la F1 et Williams à la fin de la saison. Pour le moment, l'équipe de Grove n'a pas annoncé de nouveaux partenaires pour la saison prochaine.

Cependant, si la F1 est devenue dépendante à l'alcool comme elle l'a été avec le tabac, il sera difficile de trouver de nouvelles sociétés immensément riches pour investir en F1. Sur les dix plus grandes sociétés de 2016 en fonction du chiffre d'affaires, seules deux sont présentes : Royal Dutch Shell et ExxonMobil. L'essor de l'horlogerie ne devrait pas compenser les millions que la F1 pourrait perdre avec le départ des nombreux partenaires. Cependant, un nouveau marché semble prendre de la puissance : celle des constructeurs automobiles. Aston Martin avec Red Bull, Alfa Romeo avec Sauber, auquel on ajoute Renault, Mercedes, Ferrari et Honda (dans une légère mesure). La rumeur Haas - Maserati a montré l'intérêt et la visibilité qu'apporte la F1.

Mais qu'on se rassure, les spiritueux connaîtront encore de beaux jours ... avec modération.