Matt Bishop, journaliste et ancien directeur de la communication chez McLaren et Aston Martin, s'est exprimé sur un sujet sensible dans le sport automobile, à savoir la diversité dans le sport automobile.

Matt Bishop est une figure de la F1. Présent dans le paddock depuis plus de trente ans, d'abord comme journaliste puis à la tête de la communication chez McLaren après le StepneyGate et récemment chez Aston Martin, il n'a jamais caché son homosexualité, dans un monde très fermé.

"La course automobile a toujours été le domaine des hommes blancs et hétérosexuels. Il y a un très petit nombre d'exceptions à cette règle. La plus grande exception à cela est un homme hétérosexuel noir, Lewis Hamilton, le pilote le plus titré de notre histoire. En ce qui concerne les personnes LGBTQ+, nous commençons à voir un journaliste, un spécialiste du marketing, une personne spécialisée dans les communications ou les relations publiques, ce type de profils. Mais ils sont encore peu nombreux et il n'y a pas eu de pilotes pendant de nombreuses années", déclare-t-il à GPBlog.

A ce jour, le seul pilote de F1 ouvertement gay connu est Mike Beuttler. Le pilote britannique a couru entre 1971 et 1973. En W Series, il y a deux pilotes homosexuelles, à savoir Abbie Eaton et Sarah Moore.

Un problème politique pour la F1 ?

Aujourd'hui, aucun pilote de F1 n'est ouvertement gay. Cela pourrait poser des problèmes si l'un d'entre eux venait à faire son coming-out, à cause des pays qui sont visités durant une saison. Prenons pour exemple le calendrier 2023, en Arabie saoudite et à Abu Dhabi, l'homosexualité est passible de la peine de mort.

"Il y a 195 pays dans le monde. Dans environ la moitié des pays du monde, les rapports sexuels entre hommes sont toujours illégaux. Dans une poignée de pays, il est encore passible de la peine de mort. Nous avons encore un long chemin à parcourir. Si un pilote de F1 se révélait gay, il bénéficierait d'une énorme couverture médiatique, au moins aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, et dans de nombreux autres pays occidentaux, je pense que ce serait largement positif. Bien sûr, il y aurait des avis négatifs et de l'intimidation sur les réseaux sociaux", ajoute Matt Bishop.

"Si nous devions simplement aller dans les pays que vous avez mentionnés (Qatar, Arabie saoudite, ndlr) et y faire des courses, simplement pour y aller, prendre leur argent, courir et rentrer à la maison, alors ce serait une grande honte. Si nous n'y allions pas du tout, alors nous aurions renoncé à toute possibilité d'avoir un impact positif".

"Nous sommes partisans de #WeRaceAsOne. Mais ce n'est pas seulement un hashtag, c'est un mode de vie et c'est la façon dont nous voulons représenter la F1 dans le monde alors que nous entrons dans le deuxième quart du 21e siècle."

"Par conséquent, vous (nos hôtes) savez qui nous sommes. Que nous insistons sur l'égalité absolue entre tous les genres. Et nous savons aussi que vous nous avez invités en sachant que certains d'entre nous sont des homosexuels, d'autres des lesbiennes. Certains sont toutes les autres lettres que LGBTQ+ inclut. Certains d'entre nous ont des relations sexuelles avec des personnes avec lesquelles ils ne sont pas mariés. C'est ce que nous sommes".

Plus tôt dans l'année, Sebastian Vettel, qui a pris sa retraite à l'issue du Grand Prix d'Abu Dhabi et défenseur de nombreuses causes, s'est exprimé au sujet d'un pilote gay en F1 dans une interview accordée au magazine Attitude.

"Peut-être que cela n’aurait pas été le cas dans le passé, mais maintenant je pense qu’un pilote de Formule 1 gay serait le bienvenu, et à juste titre. Je pense que cela aiderait à accélérer l’élimination des préjugés et à pousser notre sport dans une meilleure direction. Je pense donc et j’espère que notre sport serait prêt pour cela", déclare le quadruple Champion du Monde.

Matt Bishop a décidé de quitter son poste chez Aston Martin Racing, avant peut-être de se tourner vers une nouvelle mission au sein du paddock de la F1. Mais récemment, il a aussi décidé de supprimer son application Twitter suite à de nombreuses insultes homophobes, et a indiqué qu'il ne comptait pas y faire son retour. Lui, qui alimentait régulièrement son compte avec de nombreuses anecdotes et qui participait activement à faire vivre cette communauté F1 avec son savoir et son expérience. La bêtise humaine n'a plus de frontières...