Le 31 janvier 2020, le Conseil d'Administration d'Aston Martin Lagonda accepte la proposition de Lawrence Stroll. Est-ce une bonne chose pour le constructeur britannique ?
La reprise d'une entreprise par un consortium, Lawrence Stroll y est habitué. Après avoir repris l'équipe de F1 Force India, devenue Racing Point. Avec un consortium comprenant Lawrence Stroll lui-même ; Silas Chou, l'homme originaire de Hong-Kong a investi dans la marque Michael Kors ; André Desmarais, le président de la société Power Corporation et spécialisée dans la gestion de portefeuilles ; Jonathan Dudman, à la tête de la société Monaco Sports and Management et spécialisée dans le conseil en gestion ; John Idol, président de Michael Kors Holding ; John McCaw Jr, spécialisé dans la télécommunication, et enfin Michael de Picciotto, responsable de la filiale londonienne de l'Union Bancaire Privée. C'est à présent au tour d'Aston Martin Lagonda s'être repris.
Le consortium, en donnant 182 millions de livres sterling, a repris 16,7% des actions d'Aston Martin Lagonda. Dans ce consortium, on retrouve de nombreuses personnes qui ont mené le rachat de Force India, comme Silas Chou, André Desmarais, Michael de Picciotto, John Idol et John McCaw Jr. On retrouve un nouvel investisseur, à savoir Lord Anthony Bamford, qui est le président de JCB. Le consortium cherchera, à l'avenir, de prendre 20% des actions, pour un investissement total de 500 millions de livres.
La situation compliquée d'Aston Martin
Créé en 1913 par Lionel Martin et Robert Bamford, la société a connu plusieurs propriétaires. On compte David Brown, dont l'histoire sera racontée plus loin ; un consortium de banques d'investissement, présidé par William Wilson ; Peter Sprague, homme d'affaires nord-américain, et Alan Curtis, promoteur immobilier britannique ; Victor Gauntlett, à la tête de Pace Petroleum (compagnie pétrolière du Koweït) ; le constructeur Ford et un consortium mené par David Richards, à la tête de Prodrive et aidé par le banquier d'investissement américain John Singers et deux sociétés du Koweït, à savoir Investment Dar et Adeem Investment.
Lorsque Ford vend le constructeur britannique au consortium mené par David Richards pour 475 millions de livres, le constructeur américain gardant une participation évaluée à 40 millions de livres sterling, Aston Martin Lagonda fait des bénéfices. Ils s'élèvent à 44 millions de livres pour 529,5 millions de chiffre d'affaires.
Le dernier propriétaire d'Aston Martin est le fonds de capital-investissement italien Investindustrial, qui prend 37,5% des actions fin 2012 pour 150 millions de livres sterling. A ce moment-là, le chiffre d'affaires n'est plus que de 428,6 millions de livres sterling pour une perte de 20,9 millions.
Fin 2018, la marque britannique dispose d'un chiffre d'affaires de 949,5 millions de livres sterling pour un bénéfice de 44,7 millions. Cependant, la holding, qui a 1,1 milliards de livres sterling de chiffre d'affaires, perd 57,1 millions. Au premier semestre, la compagnie perd 78,8 millions de livres sterling pour 407,1 millions de chiffre d'affaires.
Aston Martin revient en F1
Avec cet accord, on apprend qu'Aston Martin fera son retour en F1 dès 2021, prenant la place de Racing Point, et pour une durée de dix ans, avec un accord commercial entre le constructeur et l'équipe pour une durée de cinq ans (entre 2021 et 2025), avec une option pour les cinq années suivantes.
Bien entendu, difficile de connaître les accords passés entre le constructeur et l'équipe de F1. La logique serait un rebranding, comme le fait Alfa Romeo avec Sauber, qui détient les droits d'entrée pour courir en F1, afin de ne pas perdre le fameux Prize Money.
Le constructeur britannique a participé à cinq courses de F1, entre 1959 et 1960, avec l'équipe David Brown Corporation. L'industriel britannique a racheté la marque en 1947 pour 20 500 livres sterling. Il est aussi à l'origine du rachat de la marque Lagonda, l'année suivante, pour 52 500 livres sterling.
Lawrence Stroll, la bonne personne ?
Avec une fortune estimée à 2,7 milliards de dollars, Lawrence Stroll doit son succès grâce à ses investissements dans différentes marques, comme Tommy Hilfiger et Michael Kors. Son expertise et ses relations sont une bonne chose pour Aston Martin.
"Lawrence Stroll et son consortium sont un groupe de très grands noms et c'est un grand signe de confiance envers Aston Martin et notre plan dans lequel ils ont investi. Ils ont une énorme expérience dans les marques de luxe'', explique Andy Palmer, actuel PDG de la marque.
L'homme d'affaires canadien a surtout de grandes relations avec d'autres constructeurs et notamment Mercedes, via Toto Wolff. Les deux hommes semblent inséparables dans les paddocks F1. D'autant que Daimler, maison-mère de Mercedes, détient 4,18% d'Aston Martin.
Récemment, Lawrence Stroll et Toto Wolff étaient liés à un possible rachat de l'équipe Mercedes en F1, qui envisageait de partir après la saison 2020. Le constructeur allemand a démenti depuis, bien qu'un membre du management de la marque Wihuri, ancien sponsor de Valtteri Bottas, a affirmé que l'idée de quitter la F1 était discutée depuis plus de deux ans.