Alors que l’écurie Toro Rosso a présenté sa nouvelle monoplace pour la saison 2017, le directeur de sa grande sœur Red Bull a affirmé son rejet quant au développement de l'aileron « requin », réintroduit cette année dans le cadre de la nouvelle règlementation technique.

Les écuries en lice pour la 68ème édition du Championnat du Monde de Formule Un se sont retrouvées dès le lundi 27 février pour le 1er jour d’essais privés à Barcelone, sur le circuit de Catalunya. Ces essais permettent aux différents teams de tester dans des conditions réelles le rendu final de leurs nouvelles voitures (et ainsi dresser un bilan concernant les performances de leurs monoplaces, qu’il soit positif, à l’image des solides chronos des Mercedes, ou négatif, comme les problèmes rencontrés par la nouvelle McLaren MCL32). Cependant, ils constituent aussi l’occasion pour les différents membres du plateau des écuries de délivrer leur ressenti, en l'attente du début de la saison, vis-à-vis de la nouvelle règlementation et donc de son application réelle sur les monoplaces.

Un nouvel apport aérodynamique

Tel est le cas de Christian Horner, directeur de l’écurie autrichienne Red Bull. Si le nouvel aspect esthétique des monoplaces semble lui plaire, il n’en est rien de l’apparition des ailerons « requins », à l’arrière des voitures. Le principe ? Un prolongement du capot-moteur vers l’aileron arrière, qui reprend réellement la forme d’un aileron de squale, et qui est censé permettre un gain aérodynamique dans les virages. La règlementation offre plus de liberté d’entreprendre dans la conception de la zone arrière de la voiture, et les constructeurs ont ainsi saisi l’opportunité (et la liberté !) de réintroduire cet élément aérodynamique, pourtant banni à la fin de la saison 2010. La totalité de la grille est équipée cette saison de ce nouvel aileron, et la nouvelle RB13 n’échappe pas à la règle.

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Des squales qui ne font pas l'unanimité

Revenons à Horner. Selon lui, ces nouveaux ailerons n’ont pas leur place dans le monde de la F1. Il déclare ainsi que « les voitures sont magnifiques, le seul point négatif, ce sont les ailerons de requins ». Il ajoute que si l’enjeu esthétique que pose cet aileron est vraiment important à ses yeux, le gain aérodynamique apporté par cette innovation est minime. Pas vraiment "in love" avec la réintroduction de cet élément, le britannique aurait ainsi demandé son retrait lors de la dernière réunion de la commission F1.

Cette commission est une association de six écuries représentatives de six pays différents (Renault pour la France, Ferrari pour l’Italie par exemple), de cinq représentants des courses du calendrier annuel (le Brésil et l’Espagne notamment) ainsi que d’un représentant de chaque membre détenteur des droits commerciaux de la Formule Un (Liberty Media en fait partie). Son but est de simplifier la prise de décision dans le monde de la discipline, en permettant l’acceptation ou le refus d’une nouvelle proposition concernant le règlement en l’occurence, puis la présentation de cette dernière à la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA).

Un contournement au règlement

Malheureusement pour lui, de nombreuses écuries ont refusé la proposition de Horner et ont ainsi permis la mise en place de ce nouvel élément. Déçu mais pas abattu, il explique ne pas vouloir en rester là et espère pouvoir réaffirmer sa position dès l’année prochaine. Mais pourquoi rejeter un tel élément aérodynamique, pourtant adopté par toutes les écuries cette saison ? Si on rentre dans les détails, Christian Horner explique que « les voitures apparaissent comme étant plus agressives et difficiles à piloter, et qu’il ne faut pas négliger l’aspect esthétique des monoplaces ». En résumé, non seulement l’apparition de cet aileron suscite selon lui un problème esthétique, mais il n’apporte pas vraiment non plus d’aide quant au pilotage des nouvelles monoplaces.

Cependant, les ingénieurs ne semblent pas suivre son point de vue « Si vous demandez à nos concepteurs aérodynamiques, ils préféreraient conserver cet élément ». En dépit de l’accueil globalement positif de l’aileron de requin, Horner déplore que son introduction est en grande partie « malheureusement due à une faiblesse du règlement, qu’il aurait fallu rapidement régler ».

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L'aileron aura le dernier mot

Bref, autant vous dire que son opinion sur l'élément aérodynamique est bien affirmée. Le directeur de l’écurie quatre fois Championne du Monde reste cependant ouvert sur la question, et explique que « si quelqu’un a un quelconque problème avec le règlement, il a tout à fait le droit d’émettre son avis » et que « nous (les écuries) ne pouvons que suivre les instructions venant de la direction (la FIA) », la FIA qui « semble être satisfaite de la manière dont les écuries ont interprété les nouvelles règles ».

En définitive, ces débuts d’essais privés ont permis d’observer, de décrire et de débattre sur les nouvelles monoplaces, qui ont subi un profond changement grâce à un tout nouveau règlement technique. Si de nombreuses innovations ont vu le jour (comme l’ailette en « T ») ou ont refait surface (à l’instar de l’aileron de requin), toutes apportent du renouveau dans la discipline. Elles renforcent ainsi l’idée que la Formule Un se tourne vers une nouvelle ère, notamment avec l’arrivée de Liberty Media en tant qu'actionnaire principal, dans une perspective de début de saison passionnante.