Après deux longues années de développement, la Roborace s'apprête à lancer sa saison inaugurale. Si la première discipline de voitures autonomes devait déjà débuter l'année dernière, c'est finalement en 2019 que l'aventure commencera. Lucas di Grassi, président de la Roborace, a parlé du futur de la catégorie dans un long entretien accordé à Autosport.

La Roborace ne défie pas le sport traditionnel

"Le sport automobile restera pertinent dans un futur dominé par les voitures autonomes". Le ton est donné. Lucas di Grassi, pilote Audi Sport en Formule E et champion de la saison 3, a toujours cru dans la Roborace. Le brésilien est même devenu président du projet l'année dernière, preuve de son implication dans la voiture du futur.

Et à celui qui a terminé 3ème du championnat de Formule E la saison passée d'expliquer : "Pour commencer, j'aimerais être clair sur le fait que nous ne voulons pas changer le sport automobile. Nous voulons créer un environnement dans lequel nous pouvons faire des avancées en logiciels pilotes, ce qui arrivera plus vite avec la compétition".

C'est avec cet état d'esprit que Di Grassi a dévoilé que la première saison de Roborace aurait lieu en 2019. "La priorité pour la première année sera d'offrir une base logicielle identique à toutes les équipes - Notre propre design d'une LMP en fibre de carbone, propulsée par deux moteurs indépendants. La voiture pèsera autour de 1000kg, et offrira 400 chevaux".

"Mais nous voulons que les équipes se différencient grâce à l'investissement qu'elles feront sur le logiciel. L'essence de la course sera la collaboration entre humains et machines, travaillant ensemble pour le meilleur résultat à l'arrivée". Car en effet, cette première saison de Roborace ne proposera pas immédiatement un affrontement entre ordinateurs. Des pilotes seront bel et bien de la partie.

Un championnat de voitures autonomes... Avec pilotes !

C'est la véritable surprise de l'annonce de Di Grassi. Des pilotes seront effectivement engagés sur les différentes épreuves de la Roborace. Ceux-ci prendront part à la course, pour permettre à la voiture d'apprendre. Le vainqueur sera donc le meilleur duo humain/machine. Le brésilien effectue un parallèle avec l'endurance, considérant l'ordinateur comme le deuxième pilote de l'équipage.

"Nous nous engagerons aussi avec les universités, car nous pensons que la course peut attirer un large éventail de talents et aider les entreprises à choisir le meilleur. Le marché des ingénieurs de logiciels hautement sophistiqués grandit, et nous pourrions offrir une plateforme excitante avec laquelle ils peuvent travailler".

"Bien sûr, tout cela sera emballé de façon à faire du divertissement un élément clé de la discipline. Notre succès récent au Festival de vitesse de Goodwood, où des millions de gens ont vu et partagé la vidéo du roulage de la voiture, est un bon exemple que la discipline peut capturer l'attention du public".

"En résumé, la Roborace est là parce que l'industrie migre vers l'automatisation, et que nous voulons que le sport mécanique reste pertinent. La première course arrivera au printemps 2019 avec des voitures identiques. Les seules différences seront les pilotes, humains et machines, qui seront choisis et développés librement par les équipes".