Après la séance d'essais libres, Gabriel Aubry est revenu sur son début de week-end, sa saison chargée entre le WEC et le GP3 et son futur. 

Que s’est-il passé pendant ta séance d’essais libres ?
Je n’ai fait qu’un seul tour, elle a donc été très très courte. La pompe d’essence a cassé. Donc je n’ai eu qu’un tour pour m’adapter après les 24 Heures du Mans et je dois faire les qualifications.

Un peu de pression ?
Non pas vraiment. Je sais que j’ai un boulot à faire et que la voiture est performante. Mon coéquipier a fait 8e aux essais et sans sa faute au dernier virage aurait pu faire 3 ou 4.  C’est rassurant, la voiture a la performance pour être devant. Il faut juste que j’arrive à faire le boulot, bien m’adapter à la voiture, à la piste et aux pneus. Ça sera le plus gros enjeu des qualifications.

2018 est une année chargée pour toi. Comment s’est passé l’adaptation entre l’Eurocup et le GP3 ?
Les premiers tests GP3 à Abu Dhabi, ça a été un gros choc. J’ai fait la première journée avec DAMS, la voiture est physiquement très très dur à piloter. Il y a un vrai step de performance par rapport à la 2L. Il y a une dizaine de seconde de différence. C’est vraiment un gros step. Il a fallu faire les 3 jours à Abu Dhabi et les tests officiels de pré-saison pour pouvoir s’habituer à la voiture. Et à partir de Barcelone, commencer à comprendre comment le pneu Pirelli travaille, ce qui est extrêmement différent du Michelin.

C’est-à-dire, c’est un pneu qui s’use plus vite que le Michelin ?
Il s’use beaucoup plus vite. On n'avait pas cette notion de dégradation du pneu en 2L, où on poussait du premier tour au dernier. En GP3 il faut avoir être rapide sans utiliser les pneus. Il faut vraiment utiliser ce qu’on appelle des v de vitesse, à savoir casser la vitesse, entrer fort, casser sa vitesse et faire sa rotation et repartir le plus droit possible. C’est un pneu qui est très particulier et qui demande une conduite spécifique.

Est-ce que tu as eu un apprentissage au sein de l’équipe Arden pour t’aider à comprendre les pneus, ou d’autres choses avec les ingénieurs, voire ceux de Pirelli par exemple ?
Les ingénieurs de Pirelli, on ne les voit pas trop. Chez Arden, oui évidemment, on me donne tous les conseils dont j’ai besoin pour essayer de progresser. On apprend tous en même temps sur les pneus car ils sont tous différents, entre les différents composés et leur utilisation sur différents circuits, comment les utiliser par rapport à certains virages. Ils me donnent beaucoup d’informations sur ce que je dois faire.

L'aventure Le Mans

Tu as participé aux 24 Heures du Mans, pour la première fois. Comment ça s’est passé ? L’ambiance et l’intégration dans l’équipe Jacky Chan DC Racing ?
Je connais l’équipe Jacky Chan depuis décembre ou janvier dernier. J’ai fait l’Asian Le Mans Series avec eux en LMP3. On a gagné le championnat. Après il a fallu s’adapter à la LMP2 (Oreca 07) que j’avais très peu conduite à Bahreïn. Elle est vraiment impressionnante. C’est une voiture qui marche beaucoup et qui est surprenante par rapport au gabarit. En conduite, c’est totalement différent du GP3. Il faut vraiment être capable de faire le switch à partir du moment où on change de voiture. Je pense que ça s’est plutôt bien passé. À Barcelone, on avait plutôt une bonne performance en GP3. Malheureusement, j’ai eu un problème de DRS en qualifications, mais un top 6 aurait été envisageable.

Et la semaine suivante, on était au 6 Heures de Spa-Francorchamps et on fait 2e avec l’équipe. Le Mans c’est ce qui m’a fait commencé le sport auto. J’ai toujours rêvé de gagner cette course. C’est pour moi la plus belle course du monde et la faire, c’est encore différent. Ça m’a confirmé que c’était la plus belle course du monde. Les spectateurs, l’ambiance générale, l’ambiance entre les pilotes c’est très différent du monde de la F1. C’est ce que j’apprécie.

Est-ce difficile de faire une course d’endurance, physiquement et mentalement ?
C’est surtout difficile mentalement. J’ai beaucoup travaillé le physique cet hiver pour être en pleine forme. Ça n’a pas été un problème pour moi, je n’ai pas perdu de poids de toute la semaine. Je ne dis pas que c’est facile. C’est surtout de la fatigue nerveuse, on a jamais de repos. Sur les 24 Heures, j’ai dû dormir 1h30 mais en 4 fois. On sort de la voiture, on va manger, on se fait masser, on va se reposer. 40 minutes après, on rentre dans la voiture. C’est du non-stop du dimanche d’avant jusqu’au dimanche d’après. Entre les médias, la parades, les essais libres, les sollicitations... Ce n’est pas juste un week-end de course, c’est une semaine de course. C’est usant mentalement. Si on ne se repose pas on peut très vite se faire avoir.

Une semaine entre Le Mans et le Castellet

Comment on fait pour passer des 24 Heures du Mans dimanche dernier à aujourd’hui le Castellet en GP3 ?
Je te dis ça ce soir à 18h50 (NDLR: l’interview a été enregistrée avant les qualifications du GP3). Plus sérieusement avec beaucoup de simulateur car les voitures sont très différentes à conduire. Donc chaque tour que je peux faire, même virtuel, je prends. Beaucoup de préparation aussi: revoir ce qui n’allait pas à Barcelone, ce qui allait aussi. Voir ce qu’on peut anticiper pour la course de ce week-end. Même si on connaît un peu la piste, on ne la connaît pas avec cette température. Quand on est venu en décembre, il neigeait. Ça a un gros impact pour les pneus. Donc beaucoup de préparation et de simulateur et j’espère quelques tours cet après-midi.

Est-ce que mentalement et physiquement tu t’es bien remis des 24 Heures du Mans ?
Oui ça va. Jusqu’à mardi, j’avais encore un peu de mal. Lundi après Le Mans, je suis parti faire du simulateur. Je n’ai pas fait de pause. Et après, on part sur une triple course avec l’Autriche et l’Angleterre après le Paul Ricard. Il faut vraiment maximiser tous mes temps de repos.

L'avenir ?

Si on te parle de 2019, tu envisage de rester en monoplace ou de partir vers l’endurance ?
Déjà je sais que jusqu’en juin 2019 je serais dans une LMP2. La Super Saison va jusqu’au Mans. On est qu’à la 2e course de LMP2 et la 2e course de GP3. Pour l’instant, ce qui m’importe, c’est de préformer sur les courses qui arrivent et on fera les discussions cet hiver. je suis concentré sur les performances, essayer de faire du mieux que je peux avec ce que j’ai.