C'est donc une première mémorable, Max Verstappen, le récent jeune transfuge (18 ans) au sein de Red Bull Racing en provenance de la structure inférieure, Toro Rosso, signe sa première victoire ! Il devient ainsi le plus jeune pilote de F1 à inscrire son nom au palmarès, et sera difficilement détrônable car la FIA n'attribue de licences aux pilotes ayant au moins 18 ans et des conditions d'expériences particulières.
Les qualifications du samedi avaient déjà un goût de victoire pour Red Bull, qui affichait un bon rythme sur un tour lancé, se payant le luxe de devancer les Ferrari, qui ambitionnent depuis quelques mois de voler le leadership des Mercedes.
La suprématie des flèches d'argent n'est pour l'heure pas remise en cause, Hamilton s'est adjugé la pole position, lors d'une seconde tentative parfaite, après un premier essai décevant dû à une faute au freinage du virage 10. La première ligne étant verrouillée de gris, les Ferrari passent au travers de l'exercice de la qualification en étant repoussées sur la troisième ligne, Räikkönen devant Vettel. Les outsiders sont donc Ricciardo et Verstappen, une belle entrée en matière pour le Néerlandais !
Ce Grand Prix dominical ibérique se déroulera sur une piste affichant 40°C au moment du départ, et une température ambiante de 22°C. Les précipitations ne sont pas annoncées lors de la course, le taux d'humidité est de 50 %. Les enjeux de la course sont une 44ème victoire tant attendue par Hamilton, ou une huitième victoire consécutive pour Rosberg. Red Bull fera de son mieux pour conserver les Ferrari à distance, l'écurie autrichienne est à nouveau la troisième force du plateau, loin devant les Williams, désormais !
Comme le veut le règlement, les dix premiers pilotes de la course, ceux ayant participé à la séance Q3 de qualifications, s'élanceront avec le train de pneus qu'ils ont utilisé pour faire leur meilleur tour lors de la Q2 (pour se qualifier). Ainsi ce sont des gommes déjà usagées. Les pilotes au-delà du top 10 ont le choix de monter la spécification de pneus qu'ils souhaitent. Ainsi, les dix premiers de la grille ont tous conservé leurs Pirelli Soft, les suivants ont opté pour la même monte, mais neuve, à l'exception de Haryanto qui a choisi les Medium.
La course :
Le départ est donné, les Mercedes s'élancent bien, derrière Vettel prend un meilleur envol que Räikkönen qui sera débordé par Bottas, auquel il donne un coup de roue dans le ponton, Sainz étant à la droite de la Williams, le restera jusqu'au premier virage.
Quelques hectomètres, Rosberg est revenu à la hauteur de Hamilton avant le premier virage, il choisit l'extérieur pour prendre l'ascendant son coéquipier.
Derrière, Verstappen défend sa position face à Vettel dans le virage 3 qui mène vers la très courte ligne droite avant le virage 4. Ce même virage que les Mercedes ne franchiront pas….
Rosberg protège sa mauvaise remise en vitesse en allant se placer à l'intérieur de la trajectoire pour se placer idéalement en défense à l'amorce du virage 4. Hamilton qui s'est relancé à la sortie du virage 3, bénéficie d'une meilleure vitesse, et décide de plonger également à l'intérieur du virage (un extérieur du virage étant impossible pour doubler…). L'impact est évité de la part d'Hamilton, mais il vire large au-delà de la ligne de course, dans l'herbe, qui l'envoie en tête-à-queue, en perdition totale en percutant Rosberg…
Les deux Mercedes sont dans les graviers, elles abandonnent, la course est déjà finie pour les leaders du championnat.
Stupeur sur le muret des stands Mercedes, clameur dans les tribunes, car c'est là une formidable opportunité d'avoir une fin de course inattendue, qui aura un vainqueur non Mercedes depuis dix courses et le dernier Grand Prix de Singapour remporté par Vettel sur Ferrari en 2015.
Les Red Bull de Ricciardo et Verstappen sont en tête derrière la voiture de sécurité (ultime Mercedes en piste…), ils sont suivis par l'opportuniste Sainz à bord de la Toro, précédant lui-même les Ferrari.
Désormais, les pilotes du giron Red Bull se prennent à rêver de victoire, mais il va falloir gérer les Ferrari qui ont certainement un meilleur rythme de course, à condition bien évidemment de bien faire fonctionner la stratégie, et de préserver les gommes en temps voulu.
Red Bull - Espagne - Getty Images
Les Ferrari ont déjà oublié l'obstacle que représenté Sainz sur la Toro Rosso (le clan Red Bull), et les premiers arrêts aux stands se profilent aux alentours du quinzième tour. C'est Ricciardo le leader qui effectue la première introduction dans la voie des stands à la fin du tour 11. Le commandement de la course revient donc au jeune prodige précoce : Max Verstappen. Ce dernier n'en profitera qu'un seul tour, puisqu'il stoppera un tour plus tard, tout comme Räikkönen, et de reprendre la course avec les pneus Medium.
Vettel à bord de la Ferrari fera durer le plaisir, et se montre un peu aux avant-postes jusqu'à la fin du tour 18 pour lui aussi, effectué le même choix de gommes Pirelli.
Le quatuor s'observe, c'est à celui qui économisera le mieux ses enveloppes sino-italiennes ! A défaut de stratégie excitante pour venir perturber la course des Ferrari, Red Bull n'a même pas missionné Sainz à bord de la Toro Rosso pour venir inquiété Räikkönen, une possibilité avec des trains de Soft, ils ne l'ont pas fait.
Quelques retardataires dépassés, et voyant que la situation n'évolue pas, Red Bull décide de rappeler Ricciardo, le leader, à la fin du tour 28 pour effectuer son second arrêt ! Il sera imité un tour plus tard par Vettel. Les Verstappen et Räikkönen, seconds couteaux de leur écurie respective se placent donc en haut de la feuille des classements !
Ces derniers restent en piste un peu plus longtemps, six tours exactement, certains commencent à y apercevoir une double stratégie naissante ! Est-ce que ce pari est valable, risqué et finalement, sera-t-il payant ?
Chez Ferrari, on tente à nouveau un autre coup de poker, Vettel est rappelé à son stand seulement après onze boucles effectuées avec des pneus Soft pour les troquer à nouveau contre des Medium. Au tour 37 de la course, on peut estimer que ce sera son dernier arrêt ! Ricciardo est encore en piste en usant ses pneus Soft jusqu'au tour 43, certainement un peu tard pour espérer ressortir devant une Ferrari.
Effectivement, la Red Bull de l'Australien ressort en piste à quelques deux secondes derrière la Ferrari de Vettel.
Le scénario est le suivant : Verstappen est en tête avec la Ferrari de Räikkönen qui se fait pressant, et Vettel voit le retour inexorable de Ricciardo à bord de la seconde Red Bull.
Les hommes de tête vont-ils conserver leurs pneus alors qu'il reste plus de vingt tours avant le drapeau à damiers ?
Comme un purgatoire, les deux monoplaces de chaque écurie se trouvent esseulées face à leurs adversaires directs, sans leurs coéquipiers respectifs pour les aider ! Malgré toutes les tentatives mises en œuvre pour déloger les pilotes qui les précédent, rien n'y fera. Même Ricciardo y perd ses nerfs sur un freinage un peu trop appuyé au virage 1, où il enverra Vettel dans le dégagement, au plus grand désarroi de ce dernier !
On assistera donc à un Räikkönen impuissant l'ultime secteur du circuit pour réussir à prendre le meilleur sur le leader dans la longue ligne droit où il peut activer son aileron mobile. Ricciardo ne parvint pas à faire mieux, il sera même victime d'une crevaison dans l'avant dernier tour, mettant fin à ses espoirs de podium !
C'est donc, dans le marbre que cette victoire va s'inscrire, tant par la précocité du pilote qu'est Max Verstappen, et dont le record sera presque imbattable désormais. Il est aussi une forme de prise de pouvoir et démonstration de talent par un concours de circonstances interne au sein de Red Bull. En effet, sa titularisation expresse au sein de l'écurie mère du giron Red Bull suite à l'accrochage Kvyat / Vettel au Grand Prix de Russie, aura poussé au rang de superstar le pilote le plus décrié de la saison passée.
Les coups du d'Histoire de la F1 ont encore frappé, avec cet artifice de magie indescriptible qui ravit les fans, et participe à entretenir cette flamme d'espoir des passionnés que nous sommes !
Après course, les officiels de la FIA ont annoncé une pénalité pour Magnussen de 10 secondes suite à son accrochage avec son coéquipier Palmer à quatre tours de la fin de course, il perd une place au classement final. Une simple réprimande pour Sainz pour avoir quitté son stand alors que le feu était rouge pour la mise en grille, pas de sanction pour le pilote espagnol !
Podium Espagne - Getty Images
Classement de la course :
01. M. Verstappen (Red Bull) Vainqueur des 66 tours (307,104 kms) en 1h41'40"017 (moyenne : 181,24 km/h)
02. K. Räikkönen (Ferrari) +0"616
03. S. Vettel (Ferrari) +5"581
04. D. Ricciardo (Red Bull) +43"950
05. V. Bottas (Williams) +45"271
06. C. Sainz (Toro Rosso) +61"395
07. S. Pérez (Force India) +79"538
08. F. Massa (Williams) +80"707
09. J. Button (McLaren) +1 tour
10. D. Kvyat (Toro Rosso) +1 tour
11. E. Gutiérrez (Haas) +1 tour
12. M. Ericsson (Sauber) +1 tour
13. J. Palmer (Renault) +1 tour
14. F. Nasr (Sauber) +1 tour
15. K. Magnussen (Renault) +1 tour
16. P. Wherlein (Manor) +1 tour
17. R. Haryanto (Manor) +1 tour
R. Grosjean (Haas) Abandon tour 56
F. Alonso (McLaren) Abandon tour 45
N. Hülkenberg (Force India) Abandon tour 20
N. Rosberg (Mercedes) Abandon tour 1
L. Hamilton (Mercedes) Abandon tour 1
Meilleur tour en course : D. Kvyat (Toro Rosso) 1'26"948 au tour 53.
Stratégie pneus Pirelli
