La saison 2021 a été éprouvante en de nombreux points. La dernière course a mis en avant un problème qui s'accroit depuis plusieurs saisons.
Abu Dhabi, le 12 décembre 2021, 52e tour. Nicholas Latifi se bagarre contre Mick Schumacher pour le gain de la 15e place mais part en tête-à-queue au virage 14. Sa voiture s'encastre dans le mur et oblige la sortie de la voiture de sécurité. La suite de l'histoire, tout le monde la connait.
S'en est suivi un long silence de la part du pilote Williams. Ce dernier a reçu de nombreux messages de haines, d'insultes, par une horde d'hooligans. Car, aujourd'hui, en F1, le fan est proche de ce concept développé dans le football.
Un incident aux proportions débordantes
Dans un message sur les réseaux sociaux, Nicholas Latifi s'explique. "Utiliser les médias sociaux comme canal pour attaquer quelqu’un avec des messages de haine, d’abus et de menaces de violence est choquant – et c’est quelque chose que je dénonce'', indique-t-il. Les réseaux sociaux sont devenus une facilité pour que les fans puissent s'attaquer aux pilotes ou entre eux-mêmes. Que ce soit sur les forums, les pages spécialisées, les combats entre clans prennent une violence proche de la modération.
"Comme nous l’avons vu maintes et maintes fois, dans tous les sports différents, il suffit d’un incident au mauvais moment pour que les choses explosent complètement et fassent ressortir le pire chez les personnes qui sont soi-disant « fans » de sport. Ce qui m’a choqué, c’est le ton extrême de la haine, des abus et même des menaces de mort que j’ai reçues'', ajoute le pilote canadien. Des situations comme celles-là, on en a vu de nombreuses fois cette saison, notamment lors du duel entre Lewis Hamilton et Max Verstappen. Les frasques de l'un envers l'autre et vice-versa ont réveillé le côté bestial des fans, souvent aveuglés par leur préférence.
"Les événements de la semaine dernière m’ont fait comprendre à quel point il est important de travailler ensemble pour empêcher ce genre de chose de se produire et de soutenir ceux qui en reçoivent'', souligne Nicholas Latifi. Il est aujourd'hui anormal qu'un pilote se retrouve menacé, comme cela a pu être le cas pour Timo Glöck après le Grand Prix du Brésil 2008, lorsque Lewis Hamilton l'a passé, remportant le titre mondial face à Felipe Massa. Le sport est fait de bons mais aussi de mauvais moments. On prête à Pierre de Coubertin cette célèbre citation qui est que "le principal est de participer". Il ne faut pas également oublier que dans un sport comme la F1, il y a un gagnant et des perdants.
Si les réseaux sociaux avaient existé dans les années 50, qu'aurait-on eu lorsque Peter Collins a cédé son baquet à Juan Manuel Fangio, lors du Grand Prix d'Italie 1956, couru à Monza ? Et la victoire qu'on croit offerte à Stirling Moss par Juan Manuel Fangio en 1955 sur les terres du pilote britannique ? Des exemples, on peut en avoir des tonnes ! Niki Laura vs James Hunt, Didier Pironi contre Gilles Villeneuve... Pour autant, doit-on en arriver à de tels extrêmes ?
Le hooliganisme en F1 ?
A l'approche du Grand Prix des Pays-Bas, Jan Lammers s'inquiétait de la visite de Lewis Hamilton sur les terres de Max Verstappen.
"Lorsque vous recevez un septuple Champion du Monde dans votre arène, il mérite également votre respect. Même s'il a affronté votre héros une ou deux fois'', indiquait-il à Algemeen Dagblad. "Je m'attends à ce que les fans prennent leurs responsabilités et protègent le sport. Ce serait vraiment dommage si nous devions faire face à des hooligans en F1''.
Les combats de fans pour la défense d'un clan ou d'un autre sont devenus de plus en plus importants avec les réseaux sociaux. La limite de l'affrontement physique n'a pas encore atteint les tribunes des circuits.
Dans le football, on pointe du doigt les médias, qui participent activement à ce genre de combats. La F1 ne fait pas office de sainte dans le domaine, notamment depuis quelques années. La moindre déclaration, la moindre pique, la moindre réponse... tout est bon pour noircir les pages d'Internet, sans se soucier des conséquences. Et l'impartialité des médias est complexe. Comment donner autant de crédits et autant d'objectivité à une information quand on a un parti pris ? La neutralité en F1 est une chose compliquée, difficile à conserver. Mais elle doit rester vitale pour préserver les pilotes ainsi que les équipes de cette situation...