Sujet controversé depuis de nombreuses années, la répartition des revenus est jugée par certaines équipes inéquitable. Gene Haas ne le voit pas de cet oeil. 

Objet d'une des plaintes déposées à la Commission Européenne, la répartition des revenus offre des avantages à certaines équipes. Ferrari est l'équipe avec laquelle la F1 est la plus généreuse. Seulement, Sauber et Force India ne l'entendent pas de cette oreille.

Gene Haas, dont l'équipe a fait sa première saison l'an passé, estime que la répartition des revenus ne devrait pas changer.

"J'ai beaucoup de respect pour Mercedes, Ferrari et Red Bull parce qu'ils ont mis beaucoup d'argent dans le sport. M'asseoir ici et dire 'une petite équipe mérite plus d'argent en F1', je ne l'ai jamais pensé de cette façon. Même en NASCAR qui paie beaucoup moins que la F1. Je dois donner Ferrari le bénéfice du doute. Dire que Ferrari ne mérite pas que la colonne 3 de l'argent mais Ferrari apporte énormément de clients à ces courses. Il est donc juste qu'ils prennent une petite partie des ventes de billets pour eux-mêmes, mais je ne vais pas rester là et dire qu'ils ne le méritent pas'', déclare l'homme d'affaires américain à Racer.

Une répartition des revenus complexe

Aujourd’hui, les équipes reçoivent environ 63% des bénéfices sous-jacents de la F1 (ce qui comprend les frais d’hébergement des circuits, les droits TV et l’hospitalité). Ainsi, ce bénéfice est la somme après déduction des frais mais avant impôts, dépréciation et amortissement. 47,5% de cette somme sont répartis en 2 colonnes distinctes.

Dans la première, les 10 équipes touchent une part égale. La seule condition pour obtenir cette part est d’avoir fini dans le top 10 lors de deux des trois dernières saisons.

Dans la seconde colonne, la répartition se fait en fonction du classement final, de la manière suivante :
– le Champion du Monde touche 19%
– le second touche 16%
– le troisième touche 13%
– le quatrième touche 11%
– le cinquième touche 10%
– le sixième touche 9%
– le septième touche 7%
– le huitième touche 6%
– le neuvième touche 5%
– le dixième et dernier éligible à cette prime touche 4%

Aussi, environ 11% servent à payer ce qu’on appelle une « prime premium ». Cette prime a été approuvée par les cinq équipes début 2012, avant l’expiration des Accords Concorde. Elle est répartie en deux postes : un poste contenant 7,5% que se partagent Red Bull, Ferrari et McLaren en fonction du nombre de victoires avant 2012 (le premier touchant 37%, le second 33% et le dernier 30%) puis le restant est réparti de manière égale entre Williams et Mercedes. Enfin, il reste les 5% dont Ferrari a le droit pour son statut d’équipe historique de la F1.

Concrètement ?

Prenons pour exemple l'année 2015. La base du calcul est 845 millions d'euros. Voici la dotation pour chaque équipe en fonction des éléments :

Colonne A Colonne B Premium Total
Mercedes 29,3 M€ 55,6 M€ 64,7 M€ 149,6 M€
Ferrari 29,3 M€ 46,8 M€ 91,9 M€ 168 M€
Williams 29,3 M€ 38,1 M€ 8,8 M€ 76,2 M€
Red Bull 29,3 M€ 32 M€ 64,7 M€ 126 M€
Force India 29,3 M€ 29,4 M€ 58,7 M€
Lotus (Renault) 29,3 M€ 26,7 M€   56 M€
Toro Rosso 29,3 M€ 20,6 M€   49,9 M€
Sauber 29,3 M€ 18 M€   47,3 M€
McLaren 29,3 M€ 14,5 M€  28 M€ 71,8 M€
Manor 29,3 M€ 11,8 M€   41,1 M€

Aussi, le calcul ci-dessus n'est qu'une estimation des informations recueillies auprès de divers médias spécialisés. Nul ne connait réellement le contenu des accords.

Les primes, une histoire de mérite ?

"Si vous avez une Mercedes ou une Red Bull, ce sont des personnes qui font venir les fans. Je pense qu'ils sont nécessaires. Nous devons veiller à ce que nous ne prenions pas d'argent pour le donner à une équipe qui peut-être ne le mérite pas'', estime Gene Haas.

Si Ferrari jouit d'un statut historique, des équipes comme McLaren ou Williams sont présentes en F1 depuis des décennies. C'est également le cas de l'équipe Sauber, présente en F1 depuis 25 ans cette année. Cependant, Liberty Media a clairement fait comprendre qu'elle voulait mettre fin à certains privilèges, pointant du doigt la Scuderia.

"Si vous êtes Ferrari, vous avez une énorme quantité d’argent des partenaires qui vous revient directement. C’est positivement impacté par la beauté des courses. Alors en pensant à l’équilibre des paiements aux équipes, il y a un peu plus d’équilibre et ça crée plus d’équité ? Ça doit être pris en compte, dans l’esprit de Ferrari, je l’espère, par le fait que la création d’une grande plate-forme contribue à nos revenus par sponsors également, donc il y a à prendre et à donner », déclarait Gregory B. Maffei, PDG de Liberty Media Corp, à la Commission Fédérale.

Alors, où commence le mérite réellement ? Faut-il être riche, avoir été champion pour dire qu'on mérite une prime supplémentaire ? Voilà une question que devra résoudre Liberty Media lors de la prochaine négociation sur les Accords Concorde.