Voilà un éternel débat en F1. Les pilotes payants occupent une place importante dans le sport automobile. Mais faut-il leur jeter la pierre ?

C'est un sujet qui fait débat. Ross Brawn a même envisagé de les supprimer pour "avoir les 20 meilleurs pilotes du monde''. Les pilotes payants ont pris une place de plus en plus importante en F1. Il faut avouer que l'argent est devenu un argument pour l'obtention d'un volant. Véritable aide pour les équipes faisant face à l'inégalité des primes, ils permettent à des équipes de courir encore aujourd'hui.

Gian Carlo Minardi s'était exprimé à ce sujet dans le journal AS. "N’importe quel pilote de F1 est évalué à partir d’un point de vue commercial par la direction d’une équipe avant leur signature », expliquait-il. Il rajoute également ne pas comprendre que « dans un sport où les équipes dépensent d’énormes budgets, il y ait une telle connotation négative au sujet d’un pilote qui apporte un soutien financier ».

Cependant, certains pilotes payants (que ce soit régulier ou ponctuel) ont réussi en F1, gagnant parfois des championnats.

De pilote payant à Champion du Monde de F1

Le premier pilote payant connu en F1 n'est autre que le quintuple Champion du Monde de F1 Juan Manuel Fangio. Le pilote argentin a reçu un soutien financier du gouvernement de Juan Perón, lui permettant de rejoindre l’Europe et d’inscrire son nom à l’histoire de la F1. Ainsi, il représentait sur le Vieux Continent les couleurs de leur pays et servait aussi à l’intérêt du régime.

Niki Lauda a également été un Champion du Monde payant. Le pilote autrichien a contracté un premier prêt en 1972 de 100 000 livres pour payer son volant chez March. Il en fait un second de 80 000 livres l'année suivante pour courir chez BRM. Par la suite, il décroche trois titres mondiaux.

Michael Schumacher peut être considéré comme un pilote payant. Ainsi, en 1991, Mercedes finance sa première course en F1 avec Jordan, en Belgique. L'équipe irlandaise, dans sa première saison, cherche un remplaçant à Bertrand Gachot, condamné dans une altercation avec un taxi londonien. Si le choix semblait se porter vers Stefan Johansson, c’est finalement le jeune Michael Schumacher qui prend place dans la voiture verte à Spa. Mercedes a payé 105 000 livres pour la course. Le constructeur allemand payera également les cinq dernières courses à Jordan, bien que le pilote allemand ait rejoint Benetton.

La situation hier

Ces dernières années, de nombreux pilotes payants ont rejoint la grille de F1. Justin Wilson a été un pilote payant. Pour financer sa carrière, son manager Jonathan Palmer décide de le placer sur le London Stock Exchange.

Pastor Maldonado, qui a piloté en F1 pour Williams puis Lotus, a apporté l'argent de PDVSA. Servant de vitrine au Venezuela, le pilote offrait à ses équipes environ 50 millions de dollars.

Max Chilton, pilote Marussia devenu pilote IndyCar, offrait à l'équipe britannique environ 20 millions de dollars. L'argent provenait d'un consortium d'entreprises. C'est à peu près la somme que versait les deux pilotes Caterham de la saison 2013. Ainsi, Giedo van der Garde et Charles Pic apportaient chacun 11 millions de dollars. Le pilote néerlandais a vu sa carrière financée par l'entreprise de vêtements McGregor, appartenant au père de sa femme, et par un consortium comprenant Beelen.nl, une entreprise de recyclage et de démolition. La carrière du pilote français a été financée par Total et l'entreprise familiale.

Esteban Gutiérrez a également apporté du budget pour courir. Les sommes ne sont pas claires mais on parle d'une enveloppe d'environ 10 millions de dollars. Rio Haryanto aurait dû apporter 16 millions de dollars à Manor pour la saison 2016 mais il n'a pas réussi à boucler son budget, laissant sa place à un certain Esteban Ocon.

Force India a vu passer quelques pilotes payants. Adrian Sutil a apporté à l'équipe plus de 10 millions de dollars pour courir. Medion et Capri-Sun font partie des investisseurs du pilote allemand. Aujourd'hui, Sergio Pérez est un riche donateur pour l'équipe indienne.

La situation actuelle

Carlos Slim, derrière la carrière des pilotes mexicains, donne à Force India 26 millions de dollars pour faire rouler Sergio Pérez.

Marcus Ericsson est un autre cas. Ses sponsors ont racheté l'équipe Sauber. Ainsi, Longbow Finance SA est directement lié à Hans Rausing, à qui appartient Tetra Pak.

Lance Stroll peut être considéré comme un pilote payant, tout comme son nouveau coéquipier Sergey Sirotkin. Le pilote canadien voit sa carrière financée par son père. Ce dernier aurait donné en 2017 25 millions de dollars à Williams, ajoutant 15 millions pour un programme d'essais personnalisé. Le pilote russe voit sa carrière financée par SMP Racing. Cependant, le programme russe assure ne pas avoir payé l'équipe pour la signature du pilote russe.

L'argent, un facteur de choix

Aujourd'hui, une petite équipe va privilégier un pilote payant, au risque de ne pas avoir les retours technique ou sur investissements souhaités. Il arrive parfois à une équipe de compenser la perte d'une place au championnat par l'embauche d'un pilote dit payant, dont les sponsors paieront pour cette perte.

Boucler un budget pour faire la saison, sans en connaître les issues est une prise de risque importante. Certaines misent sur l'aspect "chance'', se disant qu'une bonne saison ne sera qu'un plus pour le budget de la prochaine saison.

La tendance peut-elle se renverser ? Difficilement tant la situation économique de certaines équipes est préoccupante...