L'année 2021 doit marquer le début d'une nouvelle ère pour la F1. Règlement technique comme sportif, accords commerciaux, il faut créer un nouveau chapitre ! 

Le pinacle de la monoplace s'avère être à bout de souffle. C'est l'avis de nombreux fans ainsi que de plusieurs spécialistes du genre. Depuis le rachat par Liberty Media, on assiste à une sorte de continuité de l'ère Bernie Ecclestone, qui a beaucoup apporté à la F1. Mais 2021 doit être LA saison où tout doit changer.

Performances égales pour plus de spectacle

Depuis l'arrivée de l'ère du V6 turbo, Mercedes a dominé les championnats. Après le Grand Prix de Grande-Bretagne, le constructeur allemand compte 75% des victoires, soit 83 succès. Ferrari et Red Bull ont remporté respectivement que 14 et 13 victoires. Quid des autres ? Les autres équipes récupèrent, quand cela est possible, les places d'honneur et parfois une place sur le podium.

Bernie Ecclestone a suggéré récemment de créer deux championnats distincts : le championnat constructeurs, pour les équipes qui fabriquent châssis et moteur (Mercedes, Ferrari et Renault) et le championnat équipes, pour les autres équipes. L'idée peut faire sourire mais dans le contexte actuel, cela pourrait être une idée intéressante. Si Liberty Media et la FIA ne parviennent pas à récréer les championnats d'antan, où une équipe pouvait faire un coup d'éclat sur une ou plusieurs courses comme Jordan et Stewart en 1999 ou encore comme en 1982 où sept équipes différentes se sont imposées.

C'est sur ce point que la réglementation 2021 va devoir travailler, afin que l'équipe qui se classe actuellement 10e puisse être le podium, qu'on puisse voir le retour de McLaren sur une des marches en fin de course ou Williams revenir à un niveau décent.

Money Money Money

L'argent va être également un des facteurs importants pour la F1 version 2021. Le budget va être plafonné, excluant les frais marketing ou les salaires des pilotes. Le montant de 175 millions de dollars est avancé pour la première saison de la nouvelle ère. A ce jour, Mercedes et Ferrari sont les seules équipes à dépenser plus de 300 millions d'euros par saison. Cependant, la somme choisie pour le budget plafonné ne représente même pas ce que dépense la moitié du plateau. Le budget de Williams en 2018 est de 130,74 millions de livres sterling, celui de McLaren est de 132 millions de livres sterling. Ne parlons pas de Haas par exemple qui, avec son modèle économique, dépense à peine plus de 100 millions de livres sterling par saison.

La redistribution des revenus va être aussi un élément majeur des accords 2021. Actuellement, les équipes perçoivent des revenus en fonction de plusieurs critères. Sur les 63% des bénéfices sous-jacent réalisés par la F1, 47,5% de cette somme sont répartis en 2 colonnes distinctes. La première est répartie équitablement entre les équipes, l'autre est en fonction des résultats, allant de 19% pour le Champion du Monde à 4% pour la dernière équipe. Mais Ferrari touche un bonus supplémentaire, tout comme Mercedes, Williams, Red Bull et McLaren. Ces primes représentent environ 13% de la somme, dont 5% rien que pour la Scuderia.

Liberty Media doit travailler sur une juste répartition des revenus. Exit les bonus, exit les privilèges ! Répartissons la somme prévue à cet effet selon les deux premiers critères, à savoir la répartition équitable et en fonction de la position au classement. Mais ce dernier point doit être retravaillé.

Un décisionnaire pour la F1 !

Mon dieu que le processus d'une décision est devenue archaïque en F1... Le Strategy Group, composé de Ferrari, Mercedes, Red Bull, McLaren, Williams et la meilleure des autres (actuellement Renault), défend ses intérêts individuels. La FIA et Liberty Media disposent de 6 voix. Les autres équipes peuvent assister à la réunion mais n'ont pas leur mot à dire.

"Je pense qu’en fin de compte, la FIA, c’est l’instance dirigeante et elle doit prendre toutes les décisions. Les équipes ne devraient pas être impliquées'', expliquait Lewis Hamilton. Le pouvoir décisionnaire devra être simplifié avec les nouveaux accords afin que les décisions ne soient pas un conflit d'intérêt.

La F1 doit laisser les pilotes s'exprimer en piste !

Les pénalités, cette incompréhension pour les fans. Entre les pénalités pour les éléments moteur, les pénalités pour des faits divers et variés en piste, difficile pour un fan de comprendre une grille de départ (rappelons-nous de Suzuka 2009) ou encore un classement général (quand un vainqueur n'est que deuxième comme Sebastian Vettel au Canada cette saison). Les pénalités font rire de nombreux anciens pilotes.

Cependant, la F1 devra travailler sur ce procédé plus qu'impopulaire auprès de la vox populi. Souvent, ce sont les limites de la piste qui sont pointées du doigt. Alors que l'herbe et le gravier font progressivement leur disparition sur les circuits, les "parkings'', comme les appellent les fans en pointant du doigt le Circuit Paul Ricard ou le circuit d'Abu Dhabi, offrent des zones plus importantes pour doubler. Seulement, le dernier Grand Prix de France a été l'occasion de montrer que doubler en dehors des limites du circuit est pénalisant non pas directement pendant une action mais par la suite, avec une pénalité. Daniel Ricciardo doit d'en souvenir...

La gestion des éléments oblige les pilotes à ne pas pousser à 110%. Cette saison, les pilotes disposent de 3 éléments ICE, 3 TC et 3 MGU-H. Mais ils ne disposent plus que de 2 MGU-K, 2 ES et 2 CE. Une fois le nombre d'éléments dépassé, la pénalité tombe ! La quantité de pneus est également limitée lors de chaque week-end. Pirelli produit différentes gommes en fonction des circuits. Il existe cinq composés différents pour le sec. Pire, le manufacturier sino-italien a été obligé par la FIA de produire des pneus à forte dégradation, un concept qui pourrait être abandonner prochainement. Mais voilà, le pneumatique n'est pas une science exacte et cette saison montre les difficultés pour les équipes à produire une voiture faisant fonctionner la gomme, à l'exception de Mercedes. Pirelli a apporté des modifications sur ses pneus cette saison, en réduisant la bande de roulement.

Depuis quelques saisons, l'outil spectacle n'est autre que le DRS. Peu apprécié par Ross Brawn, cet artifice sera présent en F1 tant que le problème des dépassements ne sera pas résolu. La conception complexe des F1 modernes empêchent la facilité des dépassements pour une cascade de raisons : elles sont sensibles à l'air turbulent créé dans le sillage de la voiture à l'avant, l'adhérence est réduite, les pneus travaillent plus et se dégradent plus rapidement, tandis que les freins peuvent surchauffer. Les règles de 2021 devront travailler sur ce point, afin que les voitures puissent se doubler en piste sans le moindre artifice.

Le nouveau propriétaire de la F1 devra faire oublier l'ère Bernie Ecclestone et s'imposer en patron, quitte à fâcher les équipes pour le bien du sport. Mais les menaces de départ risquent d'être monnaie courante, ce qui rendra les décisions finales à la convenance des plus persuasifs. Rappelons que Mercedes disposent de trois voix avec ses clients, idem pour Ferrari alors que Renault et Honda n'ont que deux voix. Mais que pourra faire Liberty Media pour garder sa grille et tenter de l'étendre avec l'arrivée de nouvelles équipes et/ou de nouveaux motoristes ? 2021 sera le véritable défi du nouveau propriétaire de la F1...