C'est le grand évènement de ce mois de juin pour la communauté des fans de F1, la sortie du film officiel. Baptisé sobrement "F1, The Movie" (F1, le film), est-ce une bonne production qu'il faut absolument voir sur grand écran ?

C'est sans conteste, le film le plus attendu par toute la communauté des fans de F1, et ceux qui aiment les sports mécaniques plus généralement. Mais, quand il s'agit de produire un film sur l'univers de la compétition automobile, tout le monde retient son souffle. Car, l'exercice vire assez souvent à une production ratée et risible qu'à un véritable chef d'œuvre. Fort heureusement, quelques films s'en sortent très bien, récemment on a pu compter sur les excellents "Le Mans 66" ou encore "Rush" pour le monde de la F1.

Alors, quand les équipes de production ont annoncé le chantier sur le film "F1" dont le titre de travail était "Apex", l'inquiétude était de mise. Mais rapidement, quelques doutes furent levés, car le casting prenait forme tout comme les équipes techniques. Joseph Kosinski (Top Gun: Maverick) étant derrière la caméra ou encore Jerry Bruckheimer à la production rejoint par... Lewis Hamilton, les feux étaient au vert pour espérer un bon spectacle.

"F1, le film", une grosse production Hollywoodienne

Pour rappel, ce film dure 2h36 et l'histoire suit le destin d'un ex-pilote de F1, Sonny Hayes (campé par Brad Pitt), qui va continuer à courir dans différentes catégories. Mais, il est rappelé un jour, par un autre ancien pilote, Ruben Cervantes, aujourd'hui à la tête de Apex Grand Prix (APXGP). Ce dernier lui demande son aide pour permettre à sa jeune écurie de remonter la pente, tout en épaulant leur future star, le débutant Joshua Pearce (incarné par Damson Idris), ce qu'il finit par accepter.

Doté d’un budget impressionnant estimé à 260 millions d’euros, "F1, The Movie" s'annonce comme un blockbuster d'Hollywood. Ce long-métrage est coproduit par Apple et Warner Bros, avec à sa tête Joseph Kosinski, déjà réalisateur du spectaculaire "Top Gun: Maverick". À l’écran, Brad Pitt tient le rôle principal, tandis que Lewis Hamilton (septuple champion du monde) s’investit dans les coulisses en tant que coproducteur et consultant technique, garantissant la fidélité du film à l’univers ultra-exigeant de la Formule 1. Pour la bande originale, les producteurs ont donné les clés à Hans Zimmer, qualifié de génie en la matière, ce qui donne un vrai point fort au film.

Les fans de la première heure du paddock de la F1 reconnaîtront évidemment des visages familiers, puisque les scènes d'immersion ont été tournées pendant les week-end de grands prix. Ainsi, les pilotes de la saison 2024 sont bien présents à l'écran, mais ces derniers n'ont aucun rôle précis, ils sont simplement des adversaires en piste du duo de pilotes de APXGP.

Les patrons d'écuries sont également vus à l'écran, quelques-uns sont en revanche sollicités pour donner le change ou des répliques utiles à l'intrigue : Günther Steiner (ex-Haas), Frédéric Vasseur (Ferrari) et Zak Brown (McLaren), que l’on retrouve dans une scène de conférence de presse, sans oublier une apparition remarquée de Toto Wolff (Mercedes). Puis, les journalistes arpentant le paddock sont également présents et occupent leur propre rôle, comme Will Buxton (visage familier de Drive to Survive) et même les commentateurs vedette de Sky Sports F1, David Croft et Martin Brundle, apportent leur voix et leur crédibilité. Il faudra avoir une bonne culture de la F1 pour également apercevoir Kym Illman, célèbre photographe australien, présent à toutes les courses.

Enfin, en ce qui concerne les moyens mis en œuvre, la FIA et la F1 ont ouvert en grand les portes de la discipline à la production. Ils ont ainsi pu avoir accès à l'ensemble du paddock pour en retranscrire toute l'ambiance. C’est à Silverstone, en juillet 2023, que les caméras ont commencé à tourner. Après des mois de préparation minutieuse. et c'est ainsi que cette écurie fictive, Apex Grand Prix, dispute le Championnat du Monde de F1, onzième équipe du plateau. Pour l'anecdote, il ne s'agit pas réellement d'une vraie F1, mais une F2 qui a été maquillée pour l'occasion avec un kit aérodynamique pour qu'elle ressemble à une F1, le tout aidé par l'écurie Mercedes-AMG. Cette écurie fait un joli clin d'œil au passé avec sa livrée noire et or, comme les Lotus JPS d'antan.

Les acteurs ont eu droit à de vrais sessions de pilotage, sans pour autant pousser les machines dans leurs retranchements, la magie d'Hollywood se charge de faire le reste. L'équipe de production a eu l'occasion de filmer des vraies scènes, comme à Silverstone où les monoplaces se sont réellement alignées en fond de pilote lors du Grand Prix de Grande-Bretagne 2023. Cependant, ils ont été autorisé à le faire pour la mise en grille avant le tour de formation, les monoplaces ne devaient effectuer un roulage que sur l'enchaînement des deux premiers virages pour effectuer une captation (un souci mécanique empêchera cette dernière).

Faut-il aller voir "F1, le film" ?

Après avoir visionné le film lors du premier jour de sa sortie en salles, nous allons vous donner nos impressions, sans spoiler ! Ce qui frappe immédiatement dès les premières images qui mettent le spectateur en immersion dans la course automobile, c'est la réalisation parfaite et les techniques employées. Fruit de la miniaturisation de certaines caméras pour offrir des angles de vues inédits, le résultat est tout simplement bluffant. L'impression de vitesse est réelle, et à tout moment, le spectateur est au cœur de l'action quand cela est nécessaire. Ajoutons à cela, que l'écurie fictive APXGP a été intégrée aux réelles scènes de courses des grands prix, la technique est simplement parfaite et le rendu réaliste.

Si l'on doit évoquer également un autre élément qui permet de tenir en haleine le spectateur, c'est la bande son. Signée Hans Zimmer (Dune, Top Gun: Maverick, Mourir peut attendre, Blade Runner 2049, Rush, Inception...), véritable sorcier de l'ambiance sonore, les producteurs ne se sont pas trompés en choisissant ce dernier, qui a relevé le défi.

Quant aux artistes sélectionnés pour composer la Bande Originale, plusieurs stars internationales ont participé à l'album. Le 30 avril 2025, Don Toliver et Doja Cat ont ouvert le bal avec le single "Lose My Mind", accompagné d’un clip officiel. Ce morceau énergique a lancé la promotion du film en musique. Le 8 mai, c’est Rosé (membre du groupe BLACKPINK) qui a dévoilé "Messy", deuxième extrait de l’album, avec un vidéoclip mêlant intensité émotionnelle et esthétique cinématographique. Myke Towers, rappeur originaire de Porto Rico, a poursuivi la série le 23 mai avec "Baja California", troisième single officiel, suivi le 30 mai par "Just Keep Watching" de Tate McRae, une ballade puissante devenue le quatrième titre extrait. Enfin, le 20 juin 2025, Ed Sheeran a sorti "Drive", nouveau single au rythme entraînant, combinant pop et ambiance épique, taillé pour les scènes les plus spectaculaires du film.

Concernant le scénario du film, c'est certainement du déjà-vu et convenu, mais la recette fonctionne pour ce type de production. Ici, l'essentiel réside sur l'action en piste, entrecoupé d'une histoire qui tient la route, car on ne s'attend pas à un film d'espionnage ou un thriller qui surprend son audience avec un twist. D'ailleurs pour les amateurs de jeux vidéo, le scénario de cette équipe Apex Grand Prix, petit poucet de la grille, ressemble fortement au mode scénarisé "Braking Point" de la franchise "F1 2x" de Codemasters / EA Sports. Dans ce mode, l'écurie Konnesport affronte ses adversaires en piste avec un Team Principal, ex-pilote de F1, exactement comme Ruben Cervantes (joué par Javier Barden).

Le film écorche-t-il la réalité ? C'est la question que les hardcore-fans se posent très certainement. Alors sans dévoiler les petits accrocs constatés à l'écran, oui il y a quelques incohérences, mais ça ne gêne en rien l'histoire ou l'action. Certains gestes ou approches, des techniques de pilotage ou des mises en situation ont été arrangées et s'éloignent de la réalité. Mais c'est absolument logique dans le sens où il s'agit d'une fiction (intégrée à des scènes réelles de course, certes) et non pas d'un documentaire. D'autant qu'il faut maintenir une certaine dynamique du script pendant 2h30 et que contrairement à Drive to Survive qui peut établir un arc narratif sur plusieurs épisodes, ici ce n'est pas possible !

Donc, pour les puristes qui feront fi des quelques entorses à la réalité, on se prend au jeu de ce film très bien réalisé. Si l'histoire n'est pas le point fort, le spectateur est pleinement conscient de la chose, et si certaines actions peuvent paraître prévisibles, on est quand même (parfois) surpris par quelques retournements de situation. Les scènes de course sont haletantes, bien filmées et immersives, mais surtout très bien calibrées dans leur durée. Rien qui ne soit rébarbatif pour les néophytes, d'ailleurs le film évite de s'enliser dans un discours trop technique et excluant. D'ailleurs, c'est même l'inverse qui s'opère, tant la pédagogie est prodiguée à l'écran quand il s'agit d'expliquer l'influence de la dégradation des pneus, d'une stratégie de course ou de l'amélioration des pièces de la monoplace, le tout dans un langage très clair et intelligible.

Il y a également quelques notes d'humour, quelques petits détails à l'écran qui sont bien venus (pas d'Easter Eggs, mais presque, encore que ça demanderait un deuxième visionnage), et des répliques qui amuseront les fans de la discipline. Le film se permet même de bousculer un peu les instances, que ce soit la FIA ou la FOM. En résumé, un film où les 2h36 passent assez vite, produisant un spectacle qui plaira à toute la famille, et pour un premier officiel sur la F1, c'est une franche réussite.

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