Greg Maffei est le directeur général de Liberty Media Corporation. Sauf que depuis quelques jours, ses propos déroutent le monde de la F1. 

Les droits de diffusion, l'Azerbaïdjan, les sponsors... Greg Maffei n'en finit pas d'occuper les colonnes des médias. Depuis quelques semaines, le directeur général de Liberty Media Corporation va de frasques en frasques.

NBC et le "Popcorn Fart''

En 2013, le journal SportsBusiness rapporte que la NBC paye environ 3 millions d'euros par saison pour diffuser la F1 sur ses ondes. Cela est quasi dix fois moins que ce que paye Canal+ pour diffuser la F1 en France ou SkySports pour diffuser la F1 sur sa chaine spéciale. Selon les chiffres publiés par le site Racer, la chaine a rassemblée sur la saison 2016 13,1 millions de téléspectateurs, soit une augmentation de 15%. La course qui a réalisé la plus forte audience est Monaco avec 3,9 millions de personnes devant leur poste.

Greg Maffei n'a pas hésité à lancer un tacle à l'unique diffuseur de la F1 sur le sol américain.

"Les Etats-Unis, vous savez, c'est un feu de paille. Les opportunités y sont bonnes pour progresser en termes d'audience mais pas vraiment en termes de recettes absolues. Le rendement est très faible. Seul NBC diffuse la Formule 1, et seulement sur sa chaîne réservée aux sports. On ne voit jamais de F1 sur le canal principal. Nous allons mieux renégocier le contrat de diffusion aux Etats-Unis dans la mesure où plusieurs facteurs entrent en ligne de compte", déclare-t-il.

Le contrat de diffusion liant NBC à la F1 expire en fin d'année. La volonté de Liberty Media de populariser le pinacle du sport automobile au pays de l'Oncle Sam pourrait conduire à chercher une chaine plus attractive. Greg Maffei souhaite s'inspirer du modèle britannique.

"En Formule 1, il y a de la passion, de la fascination mais aussi de la compétition. Et que se passe-t-il au Royaume-Uni ? BT, Sky et beIN convoitent la F1. Il nous faut donc des chaînes qui ont un réel intérêt à couvrir le championnat. Ainsi, on aura aussitôt de bons résultats''.

Pas question d'avoir les leaders des sodas !

Il a fallu attendre quelques jours après pour avoir une nouvelle sortie de Greg Maffei. "Nous n'avons pas de sponsoring avec des boissons sportives. Vous devez travailler dur pour ne pas avoir Coca-Cola ou Pepsi qui se montre pour vous soutenir'', déclarait-il. La F1 a en effet signé un partenariat avec Heineken, marque de bières mondialement connue. L'explication de ce choix réside sur les données acquises sur le public, chose qu'avait la marque de bières.

Cependant, si les deux marques citées par le directeur général de Liberty Media Corporation ne sont pas partenaires de la F1, elles ont été ou sont encore partenaires des équipes. L'équipe Jordan a débuté en F1 grâce au soutien de la marque 7Up. Cette marque de lime est détenue depuis 1986 par PepsiCo dans le monde entier, à l'exception des Etats-Unis où elle est détenue par Dr Pepper. Parlons de Coca-Cola. Le leader des softs drinks dans le monde entier est partenaire de Mercedes via sa marque Monster Energy. La marque d'Atlanta a acquis 16,7% de la marque en 2014.

Si l'implication des deux marques est moindre, une autre a pris le parti d'investir massivement dans la F1 : Red Bull. Concurrent direct de Monster, la marque de Dietrich Mateschitz a deux équipes de F1, un circuit et un vivier de jeunes pilotes important. Cependant, Greg Maffei ne doit pas oublier que les sponsors principaux en F1 se font rares...

L'Azerbaïdjan, l'attaque ultime

L'arrivée de l'Azerbaïdjan au calendrier n'a pas été de tout repos pour les organisateurs. Lancé le même week-end que les 24 Heures du Mans 2016, titré de Grand Prix d'Europe, décrié selon ses principes sur les Droits de l'Homme, le Grand Prix a su faire face pour sa première édition. Véritable ballade dans les vieux quartiers de Bakou, le circuit offre vitesse et complexité. Cependant, le Grand Prix de Bakou ne fait pas l'unanimité chez Liberty Media.

"Nous nous retrouvons avec des courses dans des endroits comme Bakou en Azerbaïdjan où ils nous ont payé beaucoup d'argent en frais d'hébergement. Mais ils ne font rien pour construire la marque à long terme et la santé de l'entreprise. Notre travail est de trouver des partenaires qui nous paient bien, mais nous aide aussi à construire le produit'', déclarait il y a peu Greg Maffei.

L'attaque peut paraître cinglante quand on sait que l'Azerbaïdjan a un contrat de dix ans avec la F1 portant sur un montant avoisinant les 380 millions d'euros au total. La réponse d'Arif Rahimov, promoteur du Grand Prix, ne s'est pas fait attendre.

"Nous travaillons sur ce projet depuis maintenant trois ans et nous avons plus d'expérience en F1 qu'eux. Je pense dire quelque chose comme cela est ignorant. L'attitude de Greg Maffei est nuisible à l'héritage de la F1. En attendant, nous pouvons revoir le contrat avec Liberty Media'', lance-t-il.

Autant dire que les frasques de Greg Maffei ne seront pas sans conséquence pour la F1. La question reste la même : est-ce intentionnel ou maladroit ?