En 2017, Ron Dennis, l'homme qui a donné une seconde vie à l'équipe McLaren, quitté les quartiers de Woking. Depuis, l'équipe a connu de nombreux changements.
En 1980, Marlboro, alors sponsor de l'équipe (via la voix de John Hogan), aide à la fusion de l'équipe McLaren alors dirigée par Teddy Mayer, et Project 4, mené par Ron Dennis. Pour accompagner ce dernier, on retrouve John Barnard et Stephen Craighton Brown.
McLaren, construction d'un avenir meilleur ?
2016, le début de la nouvelle ère
Fin 2016, Ron Dennis est écarté de l'équipe McLaren par ses principaux actionnaires Mansour Ojjeh, à la tête de TAG Heuer, et Khalid bin Abdulla Al Khalifa, à la tête de Mumtalakat. Les actionnaires, à hauteur de 75% (les 25% restants étant détenus par Ron Dennis), nomme Zak Brown comme directeur exécutif.
L'homme, fondateur de Just Marketing International (JMI), co-fondateur de l'équipe d'endurance United Autosports, membre de la direction du média Motorsport Network, fondé par le millionnaire russe Mike Zoi, est le premier maillon d'une restructuration qui continuera jusqu'en 2018.
Il faut dire que l'équipe britannique connait sa seconde plus grande crise, après celle de la fin des années 70. Le partenariat avec Honda est un échec. Dans la restructuration, la décision de changer de motoriste sera l'une des premières étapes, quittant le bloc japonais pour Renault. Eric Boullier, alors directeur général de l'équipe, démissionne au cours de l'été 2018. Pour Stoffel Vandoorne, l'ex-directeur de l'équipe n'était pas responsable à lui seul des mauvais résultats de l'équipe.
Ce que cache Woking
En coulisses, les choses ne sont pas aussi idylliques. Le site GrandPrix247, via le site Glassdoor, révèle que l'ambiance avec la nouvelle direction est complexe, parlant de « management brisé », « peu de respect pour les employés, très hautes attentes, atmosphère déplaisante, il y a plus de dirigeants que d’employés », « l’absence totale de vision ou de stratégie », « une société affreuse avec un leadership terrible, pas de vision, pas de direction. Ils exagèrent leurs capacités, mais il n’y a pas beaucoup de choses sous le capot. Culture agressive du blâme et pas de transparence ».
Les membres du personnel vont jusqu'à contacter Martin Whitmarsh, directeur de l'équipe de 2009 à 2014, afin de trouver une solution. Celui qui a dirigé l'équipe de F1 ne cache pas que McLaren a besoin d'un changement, "il y a trop de politique entre les principaux personnages''.
Sauf que celui que le personnel est allé voir est à blâmer selon Zak Brown. "C'était une organisation compliquée que Martin Whitmarsh avait mise en place, qui a créé une culture du blâme, un manque de responsabilité'', indique-t-il.
Est-ce vraiment le cas ? Difficile à dire. Le mal de McLaren a été progressivement causé par de nombreux départs. Il y a eu celui d'Adrian Newey vers Red Bull ; le StepneyGate et la crise des pilotes de 2007 ; l'instabilité managériale ; le départ de Lewis Hamilton pour Mercedes ; le changement de motoriste... L'équipe a traversé de nombreuses tempêtes et pourtant, économiquement, McLaren Racing est toujours une pépite qui rapporte de l'argent, jusqu'à une certaine date.
En 2008, soit l'année après le scandale, McLaren Racing dégage un bénéfice de 5,985 millions de livres sterling. Il dépasse les 50 millions l'année suivante. En 2012, l'équipe constate une perte de 3,139 millions, avant de repasser dans le vert l'année suivante. En 2014, McLaren Racing perd 24,691 millions de livres sterling, et repasse à nouveau au vert l'exercice suivant. A partir de 2016, McLaren Racing plonge dans les pertes. Ce seront 3,241 millions en 2016, 13,147 millions en 2017, 84,473 millions en 2018 et 71,443 millions en 2019. Pour l'année 2020, en pleine cirse sanitaire, l'équipe parvient à repasser au vert.
McLaren, au bord de l'asphyxie économique
La crise sanitaire a mis à mal McLaren dans son ensemble. Si l'équipe parvient à faire des bénéfices en 2020 (85,838 millions de livres sterling, pour un budget quasiment doublé), le groupe va mal.
La partie automotive, par exemple, a connu une année 2020 catastrophique. Chute de 64% des ventes, chiffre d'affaires diminué de 50,7%, difficile pour le constructeur britannique de se relever. Le premier semestre 2021 a pourtant été bon, avec un chiffre d'affaires de 334,336 millions de livres sterling, mais encore en deçà des chiffres d'avant crise.
En 2020, McLaren, c'est un chiffre d'affaires pour l'ensemble de son groupe de 771,660 millions de livres sterling (-48%) et une perte 641,162 millions. Le premier semestre 2021 est plus fleurissant pour le groupe, avec un chiffre d'affaires de 359,553 millions pour un bénéfice de 24,326 millions.
Cependant, McLaren a été obligé de prendre certaines décisions pour s'en sortir. Les actionnaires du groupe ont injecté de l'argent au début de la crise sanitaire. Le groupe a reçu une aide de la banque de Bahreïn, sous la forme d'un prêt de 150 millions de livres sterling, après le refus d'un financement de 150 millions de livres sterling par le gouvernement anglais.
De nouveaux actionnaires ont rejoint McLaren. Un consortium mené par MSP Sports Capital, dont ferait partie The Najafi Companies, une société d'investissement privée, et UBS O'Connor, une filiale de fonds spéculatifs du géant suisse de la banque d'investissement, a pris dans un premier temps 15% de l'équipe, avant de monter à 33% d'ici la fin 2022. Des fonds gérés par Ares Management Corporation ainsi que le fonds d'investissement public (PIF) saoudien se sont engagés à investir 400 millions de livres sterling en actions privilégiées du groupe.
Le siège social de Woking a été vendu. La transaction a rapporté au groupe britannique la somme de 170 millions de livres sterling. Dans le même temps, McLaren reste dans ses locaux puisqu'il a conclu un bail de 20 ans avec le nouveau propriétaire des lieux. La division Applied du constructeur automobile britannique a été vendue à Greybull Capital.
L'année 2021 marque un autre tournant pour l'équipe aussi avec l'inscription en Extreme E et le rachat de l'équipe Schmidt Peterson en IndyCar. La participation en Formule E n'est pour le moment pas actée officiellement, malgré l'option signée pour rejoindre la grille la saison prochaine.
L'après de McLaren ?
Depuis le départ de Ron Dennis et la réorganisation, McLaren a connu quelques changements. Son organisation a été revue, avec à la tête de l'équipe F1 le "commercial'' Zak Brown, l'ancien de chez Porsche, Andreas Seidl et James Key à la direction technique.
Côté sponsors, plusieurs entreprises ont rejoint l'équipe de F1, bien aidé par les multiples activités de la partie Racing. Mais l'équipe de F1 peine toujours à accueillir un sponsor-titre digne de ce nom, mais cela semble une volonté de l'équipe.
"Nous ne recherchons pas activement un sponsor titre et c’est une décision consciente et délibérée que j’ai prise. Je préfère ne pas mettre tous mes œufs dans le même panier. Nous ne sommes pas opposés à l’idée d’avoir un sponsor titre, mais vu la façon dont nous avons construit notre proposition commerciale, nous n’en avons pas besoin'', déclare Zak Brown.
Sur la piste, la saison 2022 de F1 sera celle de tous les challenges pour McLaren. Quatrième l'an passé, une victoire lors du Grand Prix d'Italie, neuf ans après la dernière acquise par Jenson Button au Brésil, McLaren va vouloir se rapprocher des leaders. L'équipe a choisi de renouveler sa confiance à Lando Norris, poulain de Zak Brown. Daniel Ricciardo dispose d'un contrat avec McLaren jusqu'à la fin de la saison 2023.